Le Mot : Un dernier clou sur le cercueil de la campagne anglaise

 

Toute révolution se nourrit de divisions, et l’arc-en-ciel, comme les querelles d’Allemands, se complait dans le détail, jusqu’à l’infime et l’intime. C’est pourquoi le gouvernement (de gauche) de Sa Majesté (écologiste Charles III) se trouve agité par un étrange projet : mettre fin à la « chasse à la trace » en Grande Bretagne. Et cela vingt ans jour pour jour après que Tony Blair eut interdit la chasse au renard qui remontait à Guillaume le Conquérant, à la grande tristesse de Sa Majesté (chasseresse) Elisabeth II. De quoi s’agit-il ? D’une chasse à courre de remplacement : un cavalier sème, avant la journée, des « traces » de l’animal, généralement l’urine, à travers le pays, et la meute, suivie des chevaux, trouve son plaisir à suivre cette piste à travers landes, halliers et haies. Nul membre de la SPA ne peut l’accuser de « cruauté envers les animaux ». Alors ? Pourquoi ce projet d’interdiction ? A cause d’un soupçon : cette chasse à la trace ne serait qu’un leurre des chasseurs pour continuer en toute impunité une véritable chasse au renard. Et d’une vieille envie sociale : les travaillistes voient dans la chasse à courre un repaire d’aristos à nettoyer. Or il se trouve qu’en Angleterre c’est faux. Les pratiquants viennent souvent de la « working class » et travaillent dur pour se payer du bon air à la campagne. Et aiment la vie rurale anglaise. L’un d’eux décrit le projet de loi comme « un dernier clou sur le cercueil de la campagne anglaise ». Il prête aux travaillistes l’intention révolutionnaire de diviser ce qui subsiste d’unité britannique, traditionnellement menacée par l’opposition entre classes, entre ville et campagne, les conceptions différentes sur le droit des animaux. Diviser les de souche sur des questions de pipi de renard pendant que la GPA et l’IA se répandent et que l’invasion migratoire répand la terreur entre dans les méthodes de l’arc-en-ciel – qui a la chasse dans son viseur depuis longtemps.