Alice Weidel, patronne de l’AFD, éclaire l’imposture du mot LGBT

Weidel AFD imposture LGBT
© AfD

 

Olaf Scholz, chancelier socialiste allemand (SPD), a dû quitter son poste et provoquer des législatives car lui-même, sa politique, et les coalitions qui lui avaient permis de se maintenir, étaient usés. La sanction a été sévère. Il a perdu neuf points et 86 députés. Ses alliés reculent aussi : les Verts 3 points et 33 députés, les libéraux du FDP passant au-dessous des 5 %. Mais les chrétiens-sociaux de la CDU (centre droit) en ont peu profité. Par rapport à leur plus bas historique de 2021, ils n’ont gagné que 4 points et 11 sièges. Seule l’AFD d’Alice Weidel triomphe, après une campagne nationaliste axée sur la remigration. Elle a doublé son score et gagné 69 sièges. Cependant le nouveau chancelier CDU Friedrich Merz est bien décidé à s’essuyer les pieds sur ce vote populaire, il a exclu tout accord avec l’AFD et négocie pour reconduire avec une gauche discréditée le type de coalition que les Allemands viennent de rejeter. Cette imposture antidémocratique est rendue possible par l’image d’Hitler qu’on agite autour des partis populistes anti-immigration pour les exclure du jeu politique. Or, pour passer outre cette diabolisation, Alice Weidel, la patronne de l’AFD s’affiche lesbienne, et elle explique que c’est l’une des raisons qui l’ont décidée à choisir ce parti, sautant le pas de la mauvaise réputation avec de nombreux LGBT. Et le phénomène n’est pas propre à l’Allemagne.

 

Les racines libérales d’Alice Weidel

Au départ, Alice Weidel est une fille de la petite bourgeoisie allemande dont la famille maternelle fut chassée de Silésie en 1945. Elle fait de bonnes études et obtient en 2011 un doctorat d’économie avant d’entrer chez Goldman Sachs puis Allianz, passant six ans en Chine où elle apprend à parler couramment mandarin. Libérale, internationale, admiratrice de Margareth Thatcher, elle s’inscrit d’abord au FDP avant de passer en 2013 à l’AFD, pensant que l’Allemagne paie trop et que l’euro n’est pas une bonne chose. La nuit du nouvel an 2016 et ses viols engendrent un ras-le-bol général en Allemagne, l’AFD se radicalise et elle suit. En 2017, elle codirige la campagne des législatives et est élue présidente du groupe parlementaire AFD au Bundestag. Elle y prononce en 2018 un discours qui lui vaut un blâme du président, Wolfgang Schäuble. En voici les passages incorrects. Elle déplore « une augmentation de la population par des criminels immigrants avec des identités multiples (et) une stratégie de remplacement générationnel au moyen d’une immigration non régulée ». Et elle affirme : « Les burqas, les femmes voilées, les hommes armés de couteaux subventionnés et les autres bons à rien n’assureront pas notre prospérité, notre croissance économique, et par-dessus tout, l’Etat providence. »

 

La patronne de l’AFD sans complexe sur l’islam et la remigration

La propagande de l’AFD est assez décomplexée en matière d’immigration. Une affiche montre notamment un porcelet dans les pissenlits avec la légende : « L’islam ? Il ne va pas bien dans notre cuisine. » Aussi le périodique d’extrême gauche Correctiv (relayé par Médiapart) a-t-il voulu plomber le parti en révélant qu’une réunion de membres divers de l’extrême droite avait eu lieu à Potsdam à la fin de 2023 où la « remigration » de certains immigrés avait été évoquée, un des collaborateurs d’Alice Weidel y ayant participé. D’abord tentée de rejeter le mot, elle a choisi finalement une stratégie de rupture à la Trump. Le 11 janvier elle déclarait : « Repousser les personnes qui cherchent à entrer sur le territoire, et adresser un message au monde entier : les frontières de l’Allemagne sont fermées. Supprimer les prestations sociales pour les déboutés du droit d’asile et conduire des rapatriements à grande échelle : si ça s’appelle remigration, alors ça s’appelle remigration. »

 

La patronne de l’AFD contre le socialisme vert

La patronne de l’AFD ne borne pas sa soif de contre-révolution à l’immigration, mais l’étend à d’autres moyens de subversion de l’arc-en-ciel. Elle tient ainsi dans son viseur le socialisme vert et sa transition énergétique. Témoin ce morceau de son discours au dernier congrès du parti en janvier : « Nous mettrons un terme à la transition énergétique et entamerons la sortie de la politique climatique de l’Union. Nous allons bien sûr reconnecter au réseau les centrales nucléaires en état de fonctionner et investir dans des réacteurs de nouvelle génération adaptés à l’avenir. (…) Nous demandons des durées d’exploitation plus longues pour les centrales à charbon, car l’Allemagne possède les centrales à charbon les plus sûres et les plus modernes du monde — et nous remettrons Nord Stream en service. » Et cet autre, en complément : « En Hesse, le gouvernement CDU abat la forêt légendaire des frères Grimm pour y installer des éoliennes. (…) Et je peux vous dire que lorsque nous serons aux commandes, nous démolirons toutes ces éoliennes ! »

 

Pour en finir avec l’imposture d’Hitler

Sur toutes ces questions, de nombreux conservateurs (plus encore à la CSU bavaroise qu’à la CDU) peuvent se rencontrer avec Alice Weidel et l’AFD. Mais il y a toujours l’ombre de Hitler. C’est pourquoi elle a fait diffuser sur X l’extrait de son appel téléphonique avec Elon Musk où elle disait : « Hitler n’était pas conservateur, il n’était pas libertaire », ce qui est strictement exact. Et elle ajoutait : « Hitler était un communiste. » Là, c’est plus difficile à faire passer, et ce n’est pas passé auprès du poids lourd de l’AFD Alexander Gauland, le propre mentor d’Alice Weidel, qui l’a mise en selle. Mais ce n’était qu’une saillie en passant. Ce qui distingue beaucoup plus efficacement la patronne de l’AFD d’Hitler est sa propre personnalité. Elle vit pendant les sessions parlementaires au bord du lac de Constance, et le reste du temps un peu plus au sud, en Suisse alémanique, avec sa compagne Sarah Bossard, Suissesse d’origine cinghalaise, et deux garçons que celle-ci a portés. Dès sa première campagne législative en septembre 2017, Alice Weidl déclarait : « Comme certains le savent peut-être, je vis avec une femme. Nous élevons ensemble deux enfants. Je suis homosexuelle. Je ne suis pas à l’AFD malgré mon homosexualité mais à cause de mon homosexualité. »

 

L’AFD refuge pour les LGBT ?

On le sait, les migrants musulmans non acculturés sont dégoûtés par les mœurs dépravées qu’ils trouvent en Europe et se laissent aller à les corriger. De ce fait, un peu partout, des homosexuels, pour se protéger, choisissent les partis anti-immigration. Ce fut le cas de Pim Fortuyn aux Pays-Bas, sociologue travailliste tenté par le communisme, qui lança son parti qualifié d’extrême droite pour marquer son hostilité à l’immigration islamique. Il fut assassiné en 2002 par un militant de la cause animale d’extrême gauche qui lui reprochait d’« exploiter les musulmans comme boucs émissaires ». C’est aussi le cas en France, où de nombreux homosexuels ont rejoint le RN, au grand dam des anciens du parti. L’ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, neveu de François et homosexuel lui-même, s’en amusait à la télévision au Petit Journal en 2015 : « Marine, elle est un peu Madone à pédés quand même, il faut bien le reconnaître. Elle est un peu forte et puis sympa, mais, en même temps, elle leur file parfois une torgnole. Et tout ça, ils aiment bien. »

 

Cet hédonisme sécuritaire que représente Alice Weidel

Plus sérieusement, Alice Weidel déclare : « L’immigration homophobe musulmane est un risque pour notre avenir. » Devant cette réalité sociale, la peur des coups et de l’obscurantisme islamique pousse une bonne part de la communauté LGBT vers le populisme anti-immigration. C’est aussi vrai, devant les crimes du Hamas et l’agitation des banlieues approuvée par LFI, d’une part de la communauté juive. Si bien qu’on peut estimer que les partis nationalistes servent aujourd’hui de refuges aux juifs et aux homosexuels, ce qui aurait bien surpris Adolf Hitler. L’explication en est simple : pas plus que le RN, l’AFD n’est d’extrême droite, ni même conservatrice. Ce ne sont que des étiquettes visant à les discréditer, qui les caractérisent très mal. Le journaliste Guillaume Erner parle plus justement d’« hédonisme sécuritaire » pour désigner la revendication d’une liberté sans limite dans la vie privée combinée à une aspiration douillette à l’ordre et la sûreté. La fragilité de cette conception, la contradiction qui la mine, sautent aux yeux. Et du point de vue de la morale catholique, elle est bien évidemment indéfendable et nocive. Mais, étant donné l’état de nos sociétés européennes, elle exerce une attraction puissante sur une part croissante de la population. Et elle explique le succès d’une Marine Le Pen, d »un Geert Wilders, d’une Alice Weidel.

 

L’imposture LGBT confond identité et préférence

Le cas de celle-ci se corse en ce qu’elle combat sans ambiguïté la « folie woke ». Elle prend position contre le mariage pour tous, maintient soigneusement ses distances avec les « défenseurs des droits LGBT », et se définit elle-même comme une « lesbienne non queer », interdisant aux journalistes de s’immiscer dans sa « vie privée ». Et surtout, elle s’insurge contre l’idéologie trans. Le 11 janvier, elle partait en guerre contre elle et tous ceux qui la répandent et l’exploitent. « Une fois aux affaires, on fermera tous ces cursus d’études de genre et on virera tous ces professeurs ! Notre jeunesse doit à nouveau apprendre des choses raisonnables à l’université ! » Derrière ces propos de campagne se dessine une réalité solide, indiscutable. L’homosexualité n’a rien à voir avec la transidentité. L’une est une préférence sexuelle qui mène au péché, l’autre une maladie mentale qui nie la réalité. Le mot-sigle LGBT met volontairement ensemble des choses de natures différentes, dans le dessein de former une masse ambiguë à des fins révolutionnaires : c’est du point de vue intellectuel une imposture, qui sert d’arme à l’arc-en-ciel.

 

Pauline Mille