La politique d’immigration pratiquée en France, accueillir n’importe comment toute la misère du monde, a engendré le chaos, l’insécurité, l’endettement et la pauvreté de notre pays. Mais une autre immigration, celle d’étrangers riches ou du moins aisés, peut engendrer de grosses difficultés économiques et sociales. C’est ce qui arrive au Portugal, qui a accueilli en 2023 189.000 immigrés permanents et « perdu » 34.000 émigrés permanents. Le phénomène lèse les habitants les plus pauvres.
Le Portugal entre émigration et immigration
Le Portugal est le pays le plus pauvre d’Europe occidentale et fut longtemps un pays d’émigration massive. Il est sorti de graves difficultés économiques grâce à une politique efficace et devient de plus en plus un pays d’immigration. Grâce à un climat agréable, un accueil aimable, des villes et des paysages remarquables, il attire des retraités relativement riches par rapport au niveau de vie du pays, et des actifs souvent en télétravail (les « nomades numériques »). Avec la pandémie du Covid le mouvement s’est accentué et le gouvernement s’est d’abord félicité de cet apport d’argent non négligeable. Le nombre d’étrangers vivant au Portugal a doublé en cinq ans pour atteindre un million en 2023, soit près de 10 % de la population totale (10,6 millions). Cela a bien sûr fait marcher le commerce, les affaires, l’immobilier. Comme l’Espagne, plus que l’Espagne, le Portugal a connu un boom pendant que la France et l’Allemagne se débattent dans les difficultés.
L’immigration des riches enrichit le pays mais lèse les pauvres
Ce boom est dû pour une part au tourisme, pour une autre à l’immigration des riches et des cerveaux. Pour l’économiste portugais Ricardo Amaro, qui travaille à Oxford, « la croissance de la population et la venue de quelques milliers de travailleurs de bon niveau est certainement positive ». Mais le revers de la médaille est vite apparu. Le coût du logement et de la vie a grimpé en flèche. Les locations à Lisbonne ont bondi de 43 % de la fin 2021 à 2023 et l’inflation atteint 10 % par an – avec des salaires qui ne suivaient pas. Les premiers lésés sont évidemment les plus pauvres qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Le Premier ministre de centre droit, Luis Montenegro, a été accusé de corruption et vient de se faire renverser sur un vote de confiance. A l’inverse le parti d’extrême-droite Chega est passé de 1 % en 2019 à 18 % en 2024. Il faut ajouter que, pendant que l’immigration des riches fait monter les prix, une immigration de pauvres venus des anciennes colonies africaine du Portugal se poursuit (Cap Vert, Angola, Mozambique).
Un Portugal à deux vitesses gronde, les nomades sur le départ
Les locaux qui ont l’habitude de leur petit noir à cinquante centimes ne peuvent fréquenter les établissements où les étrangers paient cinq euros pour un cappuccino compliqué. Ce qui fait un Portugal à deux vitesses dont beaucoup de Portugais se sentent exclus. Le mécontentement grandit, et les immigrés riches sont regardés de travers autant que les pauvres. Résultat, les élections se suivent (trois en quatre ans) et se ressemblent,
Chega grimpe de plus en plus. Le gouvernement songe à restreindre les visas, qui sont la cible des mécontents. Et les nomades numériques, qui, trouvent le Portugal moins avantageux qu’avant, commencent à émigrer vers la Thaïlande.