Le groupe pétrolier TotalEnergies s’est laissé convaincre ces dernières années, sous la pression de l’idéologie écologiste, d’investir dans les énergies dites renouvelables. Il pensait mettre 200 millions d’euros dans le projet phare d’une centrale solaire en Guyane avec le soutien de l’Etat. Mais la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui définit la politique de la France en matière d’énergie jusqu’en 2035 et vise la neutralité carbone en 2050 en a décidé autrement. Sa dernière révision datant de février « indique l’absence de besoin de moyens additionnels de production de puissance pilotable autour de Cayenne ». En clair, machine arrière : on pousse d’abord les entreprises à donner dans le solaire au nom du green deal, puis on se retire au nom des économies nécessaires. Ce pilotage kafkaïen est plus que dangereux pour nos producteurs d’énergie.
Le choix kafkaïen d’une centrale solaire en Guyane
Poursuivi par les écolos, pressé par les grands engagements des gouvernement successifs, le PDG de TotalEnergies, Francis Pouyanné, a oscillé entre la fuite aux Etats-Unis (ses actionnaires devenant de plus en plus américains, il envisage de faire de Wall Street la bourse d’attache de TotalEnergies) et la soumission aux ukases des énergies dites « renouvelables », qui sont techniquement pénibles et financièrement désastreuses. Ce choix kafkaïen l’a conduit à projeter une centrale solaire près de Cayenne. Pour qui connaît le climat et les autres conditions de travail là-bas, la vigueur de la végétation notamment, c’est assez rock’n roll. Un pur non-sens. On peut présumer que le groupe a dû être soulagé d’être « contraint de prendre la décision d’abandonner », comme le dit le communiqué transmis à l’AFP. L’avis de la PPE, déterminant, était clair : le projet était cher et inutile.
Le pilotage de l’énergie verte consiste à la stocker : c’est très cher
Il est nécessaire d’expliquer un mot dans l’avis rendu par cette institution : « puissance pilotable ». L’énergie solaire, de même que l’éolienne, est intermittente : elle ne donne rien la nuit, et moins par temps de pluie que par grand soleil. Mais elle est dite pilotable quand le producteur peut la fournir selon la demande, ayant pris soin de la stocker dans des batteries géantes. La centrale solaire projetée « garantissait 20 megawatts de puissance disponible en continu d’énergie verte pour la population de Cayenne », selon TotalEnergies. Un stockage de 240 MWh aurait constitué « un tiers du chemin à parcourir pour atteindre l’autonomie électrique en Guyane ». Mais un tel pilotage coûte cher, cela explique l’importance de l’investissement prévu par TotalEnergies, et aussi qu’on ne l’envisage que quand il est économiquement rentable. La PPE en a estimé autrement.
TotalEnergies soumis à la France, l’Europe, l’ONU
Bien sûr, les gens qui devaient en profiter déplorent l’annulation. Le président du syndicat mixe d’énergie de Guyane se plaint de n’avoir pas été tenu au courant. Le vice-président de la collectivité territoriale de Guyane juge « désespérant qu’une entreprise qui vient investir en Guyane ne trouve pas le soutien escompté ». Et la mairie de Macouria, où devait s’implanter la centrale solaire déclare : « C’est une grande amertume, la Guyane n’a pas le luxe de se priver d’un tel porteur de projet. » Et quelques autres projets liés à la centrale boiront vraisemblablement la tasse. Ce qui est déplorable dans ce pilotage de l’énergie, c’est que la France, l’Europe, le monde via l’ONU lancent les producteurs d’énergie dans des projets ruineux et incohérents dont dépendent ensuite tout un tas d’instituions financées sur fonds publics, alors qu’il serait simple et efficace de laisser produire de l’énergie bon marché. Le tout au nom d’une idéologie loufoque qui vise à remodeler la planète, sa façon de produire, de consommer et de vivre.