En Ukraine, Trump signe avec Zelensky sans Poutine l’arc-en-ciel

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Depuis qu’il traite le dossier d’Ukraine, Donald Trump considère ses doigts de magicien de la négociation en soufflant dessus le froid et le chaud. Un jour il menace d’abandonner son poste de médiateur, le lendemain il sent que les choses s’arrangent. D’abord il a secoué comme un tapis l’Ukrainien Zelensky, maintenant il s’impatiente des lenteurs de son « ami » Poutine. Il découvre son obstination à ne pas sortir du roman russe, impérial et soviétique, et signe sans lui un accord sur les terres rares de l’Ukraine. Cela peut ressortir au spectacle propre à Trump et commun aux négociateurs. Mais la déception du président américain est peut-être réelle et plus profonde : alors qu’il s’attaque avec application, depuis janvier, au mondialisme arc-en-ciel, il n’est pas impossible qu’il se rende compte que Poutine, dans son rôle de chef russe inflexible, entre, consciemment ou non, dans la dialectique de l’arc-en-ciel et sert les visées de celle-ci.

 

Trump dur d’abord avec Zelensky et l’Ukraine

Au début, le discours de Trump au président de l’Ukraine, entre points d’exclamations et silences entendus, pouvait se résumer ainsi : « Vous n’avez pas les moyens de la ramener. Avec Biden vous vous êtes mis dans une sacrée mouise, ça coûte cher à tout le monde, la Crimée n’a jamais été sérieusement ukrainienne, quant aux oblast de l’Est, ils sont quand même bien russophones, et l’armée russe y est solidement implantée. » En échange de cette reconnaissance des objectifs territoriaux de Moscou, il attendait un peu de souplesse de Poutine, au moins en apparence. Mais il n’y a rien eu. Aucune des trêves proposées n’a été respectée ni même acceptée. Au contraire, la contre-offensive de Koursk a été accentuée jusqu’à la victoire russe et les bombardements intensifiés. Et les sous-fifres de Poutine, Medvedev, Lavrov, Peskov et les autres offraient toujours le même visage, plutôt amical, mais avec la fine bouche, Trump va dans le bon sens, mais « la situation est trop complexe » pour trouver une paix rapidement. Sans jamais la moindre concession.

 

Trump se paie en Ukraine mais avertit Poutine

Alors, Trump a décidé de changer de braquet. Il a signé avec l’Ukraine de Zelensky, après lui avoir mis le couteau sur la gorge, un accord sur les terres rares, sans y inclure Poutine. Le message est clair : j’ai exclu les Européens du processus, je peux aussi en exclure la Russie. Sans préjudice d’autres développements. Si les Etats-Unis décidaient de sanctions économiques, cela pourrait tourner autrement mal pour la Russie qu’avec Bruno Lemaire. Il semble qu’après avoir jugé Zelensky déraisonnable, Trump tient désormais Poutine pour un maximaliste irréaliste. Tant qu’il s’agissait de critiquer Biden, l’USAID et la politique de l’UE, Trump pensait la position de Poutine justifiée ; mais s’il s’agit, une fois satisfaite en Ukraine sa soif de territoires « russes », de refuser toute garantie (que ce soit l’entrée de l’Ukraine dans une organisation européenne, UE ou OTAN, ou, à défaut, la présence de troupes étrangères sur le sol ukrainien pour prévenir toute nouvelle invasion russe), alors cette position de Poutine devient idéologique et parfaitement symétrique de celle de Zelensky au départ pour l’Ukraine. C’est Poutine qui refuse la réalité et la négociation.

 

Poutine participe à l’arc-en-ciel avec Zelensky, Macron et l’UE

On ignore quelles peuvent être les racines de cette erreur de Vladimir Poutine. Hybris ? Sentiment qu’il a gagné sur le terrain, et que cette victoire doit être sanctionnée avec fastes pour le maintenir tranquillement au pouvoir ? Méfiance innée, justifiée ou non, devant l’Occident ? Auto-intoxication idéologique qui finit par assimiler l’homme du Kremlin à tous ses prédécesseurs, d’Ivan le Terrible à Brejnev, avec une passion particulière pour le grand Staline et son immense guerre patriotique, qui revient dans le discours russe à tout bout de champ ? Il est difficile de savoir, et l’on ignore si Donald Trump s’en soucie le moins du monde. Mais si les motifs de Poutine n’ont pas d’importance, ses actes et sa posture en ont. Car la guerre en Ukraine, la peur qu’elle engendre, les milliards qu’elle engouffre, en font une menace systémique semblable au covid ou au réchauffement climatique qui engage toujours plus les peuples de la terre sur la voie de la gouvernance globale arc-en-ciel. Elle a déjà sauvé, on l’a dit, l’Union européenne et l’OTAN moribondes. Dans sa fonction de grand épouvantail, Poutine participe à la même dialectique arc-en-ciel que Macron, Von der Leyen et Starmer. Et cela agace Trump, qui combat l’arc-en-ciel.

 

Pauline Mille