Ou :
« A partir du moment où une femme le porte dans un lieu public comme à l’université, je n’y vois aucun inconvénient, je n’ai pas à la juger. »
On se perd un peu entre ces deux opinions, mais c’est que nous n’avons pas l’esprit assez souple : l’homme qui a prononcé les deux phrases dans la même séquence est ce que Mme Bergeaud-Blackler, spécialiste de l’islamisme au CNRS, appelle un « maître du double discours ». Il s’agit du recteur actuel de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, qui s’exprimait le 28 avril sur BFM Story. Ecoutons son raisonnement : « L’islam est une religion de la connaissance et de l’instruction », pose-t-il, avant de rappeler qu’en 2004, lors de l’examen de la loi qui interdit le port de signes religieux ostensibles à l’école, il avait déclaré « qu’une gamine n’a pas à mettre de foulard », puisqu’elle « est là pour aller à l’école ». Mais pour les adultes, c’est différent : « Dans le même temps, là où je ne suis pas d’accord avec Bruno Retailleau, c’est qu’on ne doit pas stigmatiser les femmes qui veulent porter le foulard. » En quelque sorte, ce sont des adultes consentantes. Cette nuance ne satisfait personne. Les réseaux sociaux résonnent de la colère musulmane. Sur X, l’association Union Algérienne a condamné sans réserve « cette prise de position honteuse », il « ne défend pas la laïcité : il piétine l’histoire, il nourrit la haine contre nos mères, nos sœurs, nos familles et les blessent. Il contribue à faire basculer la fenêtre d’Overton du côté de l’islamophobie la plus abjecte ». A l’opposé, Hafiz approuve benoîtement l’invasion de l’espace public par les femmes sandwiches de l’islamisme. A un moment où le mot islamophobie est utilisé sans mesure pour diviser et manipuler la politique française, le recteur de la Grande Mosquée de Paris tient un discours de chauve-souris : je suis laïc républicain, le voile ne devrait pas exister chez les gamines, je suis laïc croyant, les grandes font ce qu’elles veulent. Inch Allah !