On la nomme par le simple substantif « la pilule abortive ». La mifépristone est le médicament le plus utilisé pour les avortements dits chimiques de par le monde, soit 20 à 30 millions par an. Et une nouvelle étude atteste qu’elle aurait 22 fois plus d’effets secondaires que ceux concédés par la Food Drug Administration et alors qu’elle est parfaitement recommandée par l’OMS : près de 11 % des femmes, soit plus d’une sur dix, ont déclaré avoir subi une infection, une hémorragie ou un autre effet indésirable grave ou potentiellement mortel, dans les 45 jours suivant la prise du « médicament ».
Qu’il est difficile d’utiliser ce terme, alors que la mifépristone n’est ni plus ni moins, dans ce cas précis, qu’un agent toxique abîmant, blessant et tuant, à la fois directement et indirectement. La culture de mort cumule les victimes, collatérales ou non : ça découle de son ADN. Mais elle n’a jamais été autant célébrée.
« Tel qu’il est pratiqué, l’avortement par mifépristone n’est ni sûr ni efficace »
L’étude, publiée lundi, a été menée par le Centre d’éthique et de politique publique (EPPC) qui a analysé les dossiers d’assurance maladie publique américaine, incluant plus de 865.000 avortements médicamenteux prescrits entre 2017 et 2023, ce qui en fait le plus grand ensemble de données jamais réuni pour cet « inhibiteur de grossesse ». Clairement, affirme The National Catholic Register, les conséquences réelles de l’utilisation généralisée de la pilule abortive dans un marché de plus en plus déréglementé sont mal estimées et cachent une « réalité véritablement choquante et triste » selon les mots des auteurs de l’étude.
La notice du médicament indique un taux d’effets indésirables minime de 0,5 % : les données indiquent qu’il est au moins 22 fois supérieur. Plus de 4,7 % des femmes ont dû se rendre aux urgences à la suite de l’avortement, plus de 3,3 % ont souffert d’hémorragie et plus de 1,3 % ont contracté une infection ; 0,66 % ont été hospitalisées ; et 0,22 % ont présenté d’« autres événements mettant en jeu le pronostic vital », soit près de 2.000 cas sur les 865.000 étudiés.
Dans 2,84 % des cas, l’avortement chimique a échoué et a été complété par un avortement chirurgical. Il a été aussi montré que près de 3.000 femmes avaient une grossesse extra-utérine, alors que la prise de mifépristone est alors interdite : sauf que pour être au courant de cette affection, il faut avoir fait une échographie… ce qu’on ne fait évidemment pas quand on veut avorter.
La seule inconnue qui demeure, c’est le pourcentage de décès. Mais, au vu des chiffres, il est fortement envisageable qu’il y en ait.
Et tout cela est passé sous silence. Pire, les pilules abortives sont promues comme un droit, vénérées comme une avancée, saluées comme une liberté, comme en témoigne la petite virée des députés Aubry et Panot racontée par Pauline Mille sur RiTV.
Rétablir au moins les protocoles de sécurité, affaiblis pour élargir l’accès à l’avortement
« L’industrie de l’avortement assure les femmes que la pilule abortive est aussi sûre que le paracétamol, écrivent les auteurs de l’étude. C’est fondamentalement faux, et les femmes méritent la vérité. La plupart des femmes étant privées de la vérité sur les médicaments abortifs, elles sont terriblement mal préparées aux complications ultérieures. » Et on ne parle même pas de la douleur ressentie lors de l’avortement chimique.
Pour Christina Francis, gynécologue-obstétricienne en exercice et PDG de l’Association américaine des obstétriciens-obstétriciens pro-vie, les chiffres de cette étude concordent avec ce qu’elle a observé au cours de ses deux décennies de pratique des dangers potentiellement mortels de ces agents toxiques abortifs pour les femmes qui y ont recours. Elle dénonce « une crise de santé publique qui doit faire l’objet d’une enquête immédiate ».
Depuis que la mifépristone a été approuvée en 2000 à l’issue d’une procédure jugée précipitée par certains défenseurs de la vie, son usage a été déréglementé à plusieurs reprises, en 2016 sous Obama, puis à nouveau en 2023 sous Biden. Il n’y a plus besoin de consultation médicale, ni avant, ni après, aucun suivi, aucune surveillance : on peut recevoir la pilule par courrier, la prendre seule, à domicile, pendant les 10 premières semaines de grossesse (en France, c’est jusqu’à 12 semaines, avec les mêmes « facilités »).
Et les cas pratiques montrent évidemment que les femmes dépassent régulièrement les délais, volontairement ou non, engendrant de nouvelles complications physiques, sans compter le choc mental qu’on omet de manière radicale et que l’étude ne peut malheureusement mettre en lumière, n’étant pas déclaré à l’assurance maladie…
La culture de mort n’a que faire des « effets indésirables »
La nouvelle administration Trump y changera-t-elle quelque chose ? C’est loin d’être certain.
Le ministre de la Santé Robert F. Kennedy Jr. a peut-être déclaré, il y a quelques semaines, qu’il prévoyait d’enquêter sur les problèmes de sécurité liés à la mifépristone, tout comme le candidat choisi par Trump pour diriger la FDA. Mais Trump a toujours pris garde à laisser du mou sur les questions liées à l’avortement en promettant, entre autres, de ne pas interdire la pilule abortive.
Pire, l’administration présidentielle vient de demander l’abandon des poursuites intentées par trois Etats républicains qui tentaient de limiter la pilule abortive en rétablissant les garanties qui existaient avant la déréglementation des administrations Obama et Biden. A savoir trois consultations médicales en personne, la confirmation que la femme est toujours enceinte de moins de sept semaines, l’exigence de la prescription et de l’administration par un médecin et l’obligation de déclaration des effets indésirables. Ce à quoi appellent, d’ailleurs, les auteurs de l’étude de l’EPPC.
Comme l’a noté le média en ligne indépendant Georgia Recorder, cela pourrait signifier que Trump défendra la décision prise il y a neuf ans par la FDA d’élargir l’accès à la mifépristone. En cela, il cède au lobby de la culture de mort qui n’a en tête la protection de quiconque, pas même des femmes qui le servent. Le Cornu n’agit pas autrement.