Ils n’ont pas découvert l’eau chaude, mais ils en savent un peu plus sur la manière dont soufflent le chaud et le froid. Des chercheurs ont affiné les connaissances dont on dispose sur le lien entre le soleil et le climat sur terre : ils affirment avoir établi l’importance de la trajectoire orbitale de notre planète autour de son étoile dans les variations climatiques incessantes qu’elle a connues, et vont même jusqu’à annoncer une nouvelle ère glaciaire. Ce sont les petites variations de la rotation de la terre sur son axe et de l’orbite de la terre autour du soleil qui, selon leur étude, provoquent des changements massifs du climat terrestre sur des périodes qui se comptent en milliers d’années.
Voilà en tout cas une nouvelle rafraîchissante alors qu’on ne cesse de nous parler du « réchauffement climatique » (qui, soit dit en passant, pose tout de même moins de risques pour la vie que l’extension du permafrost). Certes, le nouvel « âge de glace » n’est pas exactement pour demain : l’étude évoque une échéance de quelques dix mille ans, sachant que le précédent « maximum glaciaire » a eu lieu il y a quelques 26.500 ans.
L’étude dont il est question a bénéficié d’une publication dans la prestigieuse revue Science : y être publié, pour le scientifique de haut niveau, est une sorte de consécration. A une époque où l’on ne parle que du caractère anthropogénique du réchauffement en cours, le fait est remarquable, car le papier des chercheurs mais en avant le rôle déterminant et prépondérant de la relation terre-soleil pour expliquer, voire annoncer les variations climatiques.
La précession fait osciller la terre, et change l’ensoleillement
L’équipe de l’UC Santa Barbara, rejointe par d’autres universitaires internationaux, estime pouvoir aujourd’hui prédire un refroidissement spectaculaire en s’appuyant sur deux phénomènes et leur interaction : la précession et l’obliquité.
La précession est connue depuis le 2e siècle : le terme désigne l’oscillation de la Terre sur son axe dont l’orientation décrit un cercle complet en 26.000 ans, modifiant quelque peu la manière dont l’homme voit le ciel. Aujourd’hui, l’étoile polaire nous indique ainsi le Nord ; dans 13.000 ans ce sera la brillante étoile Vega de la Lyre, qu’aujourd’hui nous admirons au zénith en été. La précession fait aussi varier la date du solstice
L’obliquité, quant à elle, désigne l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport à son orbite. Elle varie en fonction de la précession et est à l’origine des saisons, puisque l’ensoleillement des différentes régions de la terre varie d’année en année alors que notre planète trace son chemin autour du Soleil, en décrivant une ellipse qui elle aussi varie, notamment du fait des forces d’attraction exercées par divers corps célestes.
Une autre étude récente a établi une relation entre l’inclinaison de la terre et les niveaux de CO2.
L’astronome Milutin Milankovitch étudia au cours des années 1920 ces divers mouvements terrestres qui modifie la quantité et l’emplacement de la radiation solaire qui atteint la terre. Il s’intéressa aux variations de températures induites par ce qu’on appelle aujourd’hui le forçage solaire, plus perceptible sur les grandes masses de terres continentales dans la mesure où les océans sont à la fois plus frais et voient leur température changer plus lentement.
Eres glaciaires et orbite de la terre : Milankovitch avait vu juste
Les découvertes de Milankovitch sont en quelque sorte complétées et affinées par celles de l’équipe menée par Stephen Barker qui, en étudiant la morphologie du début de la formation des glaces ainsi que de la déglaciation ont pu établir une relation remarquable entre ces étapes et le phasage relatif de la précession et de l’obliquité. La précession se révèle peser de manière plus importante au démarrage de la déglaciation, en combinaison avec une obliquité en phase croissante. L’obliquité cause seule le commencement de la glaciation. Le cycle complet dure 100.000 ans et, pour reprendre l’expression du sommaire de l’étude présenté par le rédacteur en chef de Science, Jesse Smith, les variations sur cette période sont largement « déterministes ».
Il en résulte qu’elles sont prévisibles. « Nous avons découvert un schéma prévisible s’étendant sur un million d’années concernant le moment où le climat de la Terre passe d’une “période glaciaire” à une période de chaleur modérée comparable à celle que nous connaissons aujourd’hui, appelée interglaciaire », souligner ainsi Lorraine Lisiecki, coauteur de l’étude.
Les chercheurs doivent leurs nouvelles découvertes à leur choix d’étudier de près le début de la glaciation et le début de la déglaciation, et de les confronter aux différents mouvements de la terre, ce qui leur a permis d’identifier la différence des rôles joués par chacun, et de prédire correctement la survenue et la durée de toutes les périodes de déglaciaires et interglaciaires des derniers 900.000 ans en fondant leurs calculs sur le seul phasage orbital.