Patrice Seuwou, professeur à l’Université de Northampton, a levé un nouveau drame de l’intersectionnalité : celui de l’accent ! En l’espèce, celui des étudiants noirs dans les facultés britanniques, qui serait un obstacle terrible à leur réussite, parce que leurs condisciples s’en moquent. Selon lui, les « préjugés liés à l’accent nuisent à leur confiance ». Sans doute « les universités britanniques promeuvent-elles ouvertement la diversité et l’inclusion, (mais) le problème subtil mais omniprésent des préjugés liés à l’accent échappe souvent à l’examen ». Pire, « ils se croisent avec la race, la nationalité et la classe sociale pour marginaliser les étudiants internationaux noirs ». Or « la langue et l’accent ne sont pas explicitement protégés par la loi britannique sur l’égalité de 2010, ce qui permet aux préjugés liés à l’accent de perdurer sans contrôle (et ils) se conjuguent avec les préjugés raciaux et ethniques, les stéréotypes nationaux et les préjugés sociaux ». En conséquence, il faut faire de cette forme de discrimination encore admise une « priorité ». C’est d’autant plus urgent qu’en Grande-Bretagne « il existe une hiérarchie claire des accents. L’anglais britannique du Sud standard (SSBE), ou prononciation reçue, est souvent considéré comme la référence absolue en matière d’articulation. Les accents perçus comme “non standard”, notamment les variantes ouest-africaines, caribéennes ou afro-américaines, sont fréquemment dévalorisés, perçus comme moins éloquents, voire comme des indicateurs d’une intelligence inférieure ». Voilà pourquoi les pauvres étudiants noirs se sentent, selon Patrice Seuwou, exclus et aliénés. Au point que certains « se sentent contraints d’abandonner leur héritage linguistique pour s’intégrer ». Dans sa vertueuse chronique, Patrice Seuwou reconnaît qu’il arrive qu’un « professeur, bien que bienveillant, peine à comprendre » l’étudiant « discriminé » : on aime bien les Toulousains, les Belges, les Québécois, mais lorsque leur accent est trop prononcé, ils font l’effort de le gommer, sans appeler à une révolution de la Sorbonne !