Plus de 18.000 migrants ont traversé la Manche au moyen de canots pneumatiques et autres embarcations de fortune pour rejoindre le Royaume-Uni depuis le début de cette année. Ils embarquent depuis la côte nord de la France, à un rythme qui ne cesse de croître depuis 2019. L’année précédente, en 2018, l’Angleterre n’avait compté que 299 arrivées, et un record a été établi en 2022 qui a vu plus de 46.000 arrivées, mais cette année-là, « seuls » 13.000 demandeurs d’asile avaient atteint leur destination à la même date de juin. Il est toujours mal vu de parler d’invasion mais en attendant, l’OTAN considère désormais des frais engagés pour la protection des frontières face à l’immigration clandestine comme des dépenses militaires pour tous ses membres. Et la presse tabloïde de droite britannique donne maintenant la parole à des « sources haut placées dans le domaine de la sécurité » qui accusent carrément des forces étrangères de soutenir ou d’exploiter les trafiquants d’êtres humains pour déstabiliser les pays cibles : Vladimir Poutine est nommément visé.
On peut évidemment balayer une telle accusation anonyme en la mettant sur le compte de la propagande antirusse. Mais des faits passés montrent que de telles opérations ne seraient ni inédites, ni invraisemblables.
La guerre hybride de Poutine se sert des migrants
Souvenez-vous : lors des grandes vagues migratoires qui ont vu plus d’un million de « réfugiés » prendre le chemin de l’Europe occidentale, la traversée de pays proches de la Russie se faisait pour eux sans obstacle, et les migrants n’étaient pas retenus dans ces pays pourtant en proie à un fort déclin démographique… Des vagues de migrants arrivent depuis lors en Allemagne depuis le Belarus, en Pologne depuis Moscou, en Italie depuis la Libye, en Finlande depuis la région de Saint-Pétersbourg, et j’en passe.
Ce n’est pas la première fois que l’immigration est dénoncée comme faisant partie d’une guerre hybride contre l’Europe : pas plus tard qu’en mars dernier, un grand article du Telegraph de Londres affirmait que la Russie utilise l’immigration comme un robinet qu’elle ouvre et ferme à volonté pour peser sur la politique européenne. Nous en parlions ici.
Aujourd’hui c’est le Sun qui dévoile d’autres tactiques qui seraient employées pour faciliter et encourager des mouvements de population exogènes depuis l’intérieur de l’UE vers le Royaume-Uni, ce qui assure une déstabilisation de part et d’autre de la Manche. Selon les sources citées par le quotidien, Moscou fournirait faux papiers, une aide au transport et même des escortes militaires aux gangs de passeurs. Plusieurs « Etats hostiles et acteurs malveillants utilisent les migrations illégales pour tester les frontières, provoquer des troubles et déstabiliser les pays comme la Grande-Bretagne », cite le Sun.
Les migrants, armes malgré eux et victimes, et vice versa ?
Sans compter ces autres victimes que sont les déracinés à qui l’on a fait miroiter l’El Dorado européen : il en est qui de bonne foi sont largués sur des terres qui leur sont étrangères – après des traversées dangereuses auxquelles tous ne survivent pas – et où ils ne parviendront qu’à vivoter tout en y changeant la face de la société. Ils sont alors triplement exploités : par les criminels qui les acheminent, les partisans de l’abolition des frontières qui les encouragent, et les forces hostiles qui savent bien les problèmes associés à cette politique.
Ce flux est facilité, côté français, par les ordres donnés aux forces de surveillance policière : le candidat au départ, dès qu’il a les pieds dans l’eau jusqu’aux chevilles, est considéré comme étant en situation vulnérable et ne peut plus être arrêté. On a vu ainsi un migrant d’un certain âge qui n’arrivait à se déplacer qu’au moyen de béquilles pouvoir rejoindre sans encombre son canot pneumatique, en prenant tout son temps sous le regard impassible des garde-côtes français. En se faisant hisser à bord, l’homme brandissait une de ses cannes « tel Excalibur », raconte un autre tabloïde de droite, le Daily Mail.
Une guerre hybride qui coûte cher à ceux qui la subissent
Au Royaume-Uni, la situation, explosive depuis longtemps, devient intenable. Les clandestins demandeurs d’asile profitent des mesures très généreuses en leur faveur ; actuellement plus de 30.000 d’entre eux sont logés dans 200 hôtels réquisitionnés à travers la Grande-Bretagne, et on cherche de nouveaux logements dans des tours d’appartements désaffectées ou des édifices abritant jusqu’ici les étudiants. Sur l’année fiscale 2023-2024, 3,1 milliards de livres (plus de 3,6 milliards d’euros) ont financé la location forcée de chambres d’hôtel. Et si le parti travailliste affirme qu’il veut mettre fin à cette pratique au plus vite, il suffit de regarder de manière un peu attentive les prévisions budgétaires actuelles pour voir qu’à l’horizon 2030, le gouvernement s’attend à ce que les dépenses dans le domaine atteignent tout de même 2,5 milliards de livres par an.
Le Sun souligne qu’à côté de crimes – des viols notamment – reprochés à des clandestins, certains d’entre eux ont été inculpés pour des atteintes à la sûreté nationale.
Mais qui s’en étonnera ?