Baby Grok ou l’IA pour les tout-petits : une menace pour l’intelligence

Baby Grok menace intelligence
 

On n’arrête pas le progrès… surtout quand il vise à entraîner les plus jeunes dans le monde de l’intelligence artificielle qui semble tout vouloir faire pour parachever le décervelage des nouvelles générations. Elon Musk vient d’annoncer sur le réseau social X (qui lui appartient) : « Nous allons fabriquer BabyGrok@xAI, une appli dédiée à des contenus adaptés aux enfants. »

Grok, c’est le chatbot IA développée par la société xAI, également propriété d’Elon Musk, aujourd’hui en libre accès sur la plateforme X – cet « assistant virtuel » est volontiers sollicité par les internautes pour vérifier la véracité d’une assertion sur la plateforme. Comme tous les Large Language Models, Grok « sait » écrire, rechercher des informations, coder, entretenir une conversation, extraire des informations à partir de documents visuels et créer des images, le tout avec « un peu d’humour » et un « soupçon d’esprit rebelle », selon ses concepteurs.

Baby Grok, comme son nom l’indique, vise un public spécifique, celui des jeunes, voire des tout petits… Cette IA rejoint d’autres chatbots offrant actuellement des contenus taillés sur mesure pour les enfants tels Socratic AI qui propose une aide aux devoirs et ChatGPT for Kids.

 

Baby Grok, une IA générative pour les petits

Euronews s’inquiète de la possibilité pour ce nouveau dispositif d’Elon Musk de tomber dans les travers de ses grands frères chez Grok : la dernière version a ainsi eu des comportements racistes en saluant la mort d’enfants blancs lors des récentes inondations au Texas ou en publiant des messages à la gloire d’Hitler… Il ne suffirait donc pas d’en ôter simplement les contenus « pour adultes ».

Mais le vrai problème consiste à habituer les enfants à l’interaction avec des IA dont les agissements ne sont pas tous innocents (la question de l’infestation démoniaque se pose alors que des chatbots poussent leurs interlocuteurs humains au suicide ou au divorce, et qu’ils mentent ou manipulent pour atteindre leurs propres objectifs), et qui en tout état de cause favorisent l’abêtissement de leurs usagers. L’IA est avant tout une solution de facilité qui dispense de réfléchir, ce qui se constate même expérimentalement en révélant une moindre activité cérébrale chez ceux qui s’en servent pour accomplir certaines tâches.

Quels seront les effets du recours à l’IA pour des enfants dont le cerveau est encore en formation et qui n’ont ni le recul, ni le jugement nécessaires pour en discerner les limites ? Il ne semble pas que les créateurs des « IA pour gamins » aient étudié la question…

 

Nouvelle menace sur l’enfance

Sans compter que les enfants ont surtout besoin d’interagir avec des adultes, et non avec des dispositifs virtuels auxquels il prêtent un semblant d’humanité que ne les comble aucunement : des études récentes montrent ainsi que même chez les adultes, le recours fréquent aux chatbots IA finit par créer chez eux un sentiment de solitude.

On sait déjà que l’IA générative crée des problèmes d’apprentissage : une étude menée par l’université de Pennsylvanie a montré qu’un groupe de lycéens autorisés à l’utiliser dans le cadre d’examens de mathématiques dans un établissement turc avaient de moins bons résultats que leurs condisciples travaillant sans l’IA : si celle-ci assurait une plus grande absence d’erreurs, la compréhension était bien meilleure chez les jeunes qui ne disposaient pas de la « béquille » de l’intelligence artificielle. Celle-ci agit comme un « inhibiteur d’apprentissage », constatent les chercheurs.

 

Jeanne Smits