Ce titre est volontairement ambigu pour souligner l’absurdité du juge fédéral US du district de Philadelphie qui a condamné les petites sœurs des pauvres à proposer l’avortement et des contraceptifs dans leur offre de santé, sous peines de lourdes pénalités pouvant atteindre plusieurs dizaines de millions de dollars US. La décision, à laquelle les nones vont faire appel, car il n’est pas concevable, en raison de leur foi religieuse, qu’on leur impose de proposer l’avortement dans leurs textes, a été rendue au terme d’une procédure longue et apparemment sans objet dès son origine. Il faut savoir en effet que ces nones ont pour objet social de soigner là-bas les vieux sans argent, qui ne sauraient en aucun cas « avoir besoin » de contraceptifs ou d’avortement. C’est un jugement de pur principe, de nature idéologique, qui suscite une double question : qui ? Pourquoi ?
Un juge juge contre l’arrêt de la Cour suprême US
En 2011, le ministère fédéral de la Santé et des Services sociaux a émis une obligation fédérale forçant les employeurs à inclure dans leurs régimes d’assurance maladie des « médicaments » comme la pilule du lendemain, alors qu’elle peut éliminer un embryon déjà conçu et s’assimile donc à un avortement. Mais les petites sœurs des pauvres se sont pourvues devant la Cour Suprême US qui leur a donné gain de cause, et le gouvernement fédéral les a donc soustraits dès 2017 à l’obligation fixée par la loi du Affordable Care Act. Cependant une douzaine d’Etats se sont acharnés sur les nones, entraînant trois ans de procès. Les nones ont fait un nouveau pourvoi devant la Cour suprême US, et l’on a cru que l’affaire était réglée en 2020, quand elle a rendu son arrêt dans le cas Little Sisters of the Poors contre Pennsylvanie, confirmant la règle fixée par le gouvernement fédéral. Mais elle était seulement en sommeil. Et le juge fédéral du district de Philadelphie, après cinq ans d’inaction sans aucune audience, a donné raison aux Etats qui poursuivent les nones.
Qui veut imposer l’avortement aux nones et pourquoi
Evidemment, l’avocat principal des nones, Mark Rienzi, n’est pas content : « Le tribunal de district a approuvé une tentative incontrôlée de la Pennsylvanie et du New Jersey d’attaquer les Petites Sœurs et la liberté religieuse. » Il estime « grave que le tribunal de district ait rendu une décision nationale invalidant les règles fédérales de conscience religieuse » et « pire » que le jugement blesse la Constitution américaine, annonçant la décision des nones de faire appel. Celles-ci déplorent le « harcèlement inutile » dont elles sont victimes. Mais qui donc s’acharne ainsi contre la conscience des nones ? Qui, sinon ceux qui se proclament les hérauts de la liberté, du choix, les humanistes laïques ? Et pourquoi ? Pour toujours combattre, à défaut d’abattre, leur éternelle ennemie, l’Eglise catholique. Contre elle, tout est permis, même, au pays qui se veut celui de la liberté, l’oppression, au pays des avocats et des juges, le mépris du droit, et l’absurde violence contre celles qui consacrent leur vie aux pauvres. La maçonnerie se reconnaît à ses obsessions et à son manque de scrupules.