Léon XIV s’est prêté, mercredi, au jeu de l’« écologie intégrale » en participant à une réunion organisée non loin de Castel Gandolfo sous l’égide de Laudato si’ et intitulée Raising Hope (« donner de l’espoir ») en présence d’Arnold Schwarzenegger, ex-culturiste et gouverneur républicain de la Californie, toujours acteur et surtout activiste du « climat ». Et c’est un jeu dangereux, car derrière le prétexte de la lutte contre le « changement climatique » se trouve un programme politique mondial et mondialiste, exigeant le déclassement des économies riches et des pays développés rendus responsable des malheurs du monde entier et qui devraient aujourd’hui payer pour que les autres grandissent, notamment en se « décarbonant » au risque de voir leurs économies s’effondrer.
C’est une grande marche vers le socialisme international, et il n’est pas surprenant qu’il ait été lancé au moment de la Perestroïka, avec notamment l’invention par Mikhaël Gorbatchev et les siens de l’expression « notre maison commune » à qui chacun doit donc porter son tribut.
Jeu périlleux, encore, dans la mesure où, sous prétexte d’écologie toujours, la planète devient le bien ultime, celui auquel il faut tout sacrifier comme à un dieu vorace, irrité par la présence des hommes qui le détruisent. Le substrat panthéiste de cette écologie dévoyée n’est que trop visible lorsqu’il s’exprime à travers la vénération de la « Terre-Mère ».
Léon XIV fait-il dans l’écologie panthéiste ?
On l’avait vu en 2019 au Vatican lors de cérémonies scandaleuses, inspirées directement de rites païens de vénération de la « Pachamama », cette fameuse « Terre-Mère », à qui l’on porte des offrandes des quatre éléments, avec force danses rituelles et prosternations.
Ce qui s’est passé en présence du Pape Léon XIV n’a pas atteint ces sommets de scandale. Cependant, lors de son discours de présentation, Arnold Schwarzenegger a osé dire que les réglementations climatiques ne pèsent pas sur l’économie et promeuvent la prospérité. Il a assuré que la Californie, qui est l’Etat le plus réglementé à cet égard aux USA, est aussi la première économie des Etats-Unis. Raté : selon le média peu suspect de climato-scepticisme CNBC, la Californie est aujourd’hui au 22e rang des Etats américains les plus forts sur le plan économique, très loin derrière le Texas, qui est en seconde position, avec bien moins de règles écologiques. Le Texas affiche ainsi la plus grande force de travail de la fédération et se trouve en pointe sur le plan de la technologie et de l’innovation. En outre, c’est un des Etats où le coût des affaires est le plus léger à supporter pour les entrepreneurs.
Mais revenons à Léon XIV. Lors de la rencontre il a béni un gros glaçon venu du Groënland, invoquant le « Seigneur de la Vie » avec des références explicites au Christ, pour que l’eau « réveille nos cœurs, lave notre indifférence, soulage notre tristesse et renouvelle notre espérance, par le Christ notre Seigneur ».
Du moins ne s’est-il pas agi d’un rite païen détourné ou non : la bénédiction des biens matériels n’est pas interdite par la foi catholique et au contraire se pratique volontiers. En revanche, l’opération visait évidemment à accréditer visuellement l’idée que les glaciers fondent et vont submerger les littoraux. A moins qu’on ne nous ait invités à croire que toute cette eau pure venue du Grand Nord serait un bienfait pour l’humanité ? Le message, à ce moment-là, aura sans doute été involontaire…
Un glaçon qui se transforme en bienfaisante rivière…
Le déploiement subséquent au milieu de l’assistance d’une « rivière » de tissu bleu « issu » du glaçon n’avait quant à lui rien d’un rituel païen estampillé ; c’était plutôt ridicule… Le tout était accompagné d’un chant de niveau patronage de seconde zone, (même si les paroles étaient celles du cantique du Poverello d’Assise) : Laudato si’, mi Signore, con tutte le tue creature interprété avec le manque d’harmonie et de justesse de ton propre à ce genre d’environnement.
Prenant la parole, Léon XIV a plusieurs fois évoqué « la maison commune », adoptant ainsi le langage qui cherche à embarquer chacun dans l’idée de l’abolition des frontières et des différences qui est une des formes les plus évidentes du rejet actuel de la loi divine et naturelle par la négation des nations et même de la distinction entre les sexes.
Parlant de Laudato si’, le pape a déclaré : « Rendons grâce à notre Père qui est aux cieux pour ce cadeau que nous avons hérité du pape François ! Les défis identifiés dans Laudato Si’ sont en effet encore plus pertinents aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a dix ans. Ces défis sont de nature sociale et politique, mais avant tout de nature spirituelle : ils appellent à la conversion. »
Léon XIV, la « maison commune » et « le cri de la Terre »
De même le pape a-t-il repris plusieurs fois des termes propres à la théologie de la libération, tendance Leonardo Boff, « le cri de la terre et des pauvres », en demandant : « Que faut-il faire maintenant pour que le soin de notre maison commune et l’écoute du cri de la terre et des pauvres n’apparaissent pas comme de simples tendances passagères ou, pire encore, qu’ils soient considérés et ressentis comme des questions qui divisent ? » Et de rappeler l’exhortation Laudate Deum de François qui notait que « “certains ont choisi de se moquer” des signes de plus en plus évidents du changement climatique, de “ridiculiser ceux qui parlent du réchauffement climatique” et même de rendre les pauvres coupables de la chose qui précisément les affecte le plus ».
C’est de la pensée « mainstream », un alignement sur le discours politique à visée révolutionnaire, et elle semble avoir été adoptée par Léon XIV sans états d’âme.
En tout cas le cardinal Spengler, archevêque de Porto Alegre, a-t-il insisté sur la nécessité de « retrouver la capacité de vénérer la terre » et le besoin de « décisions étatistes ».
Léon XIV l’a-t-il compris et intégré ? Cela reste à voir. En tout cas, comme François et d’ailleurs comme Jean-Paul II, il a appelé à une « véritable conversion écologique » venue « du cœur ».
Conversion : à l’écologie ou à Dieu
Mais il a ajouté : « Nous devons passer de la collecte de données à la prise en charge, et du discours environnemental à une conversion écologique qui transforme les modes de vie personnels et communautaires. Pour les croyants, cette conversion n’est en fait pas différente de celle qui nous oriente vers le Dieu vivant. Nous ne pouvons pas aimer Dieu, que nous ne pouvons pas voir, tout en méprisant ses créatures. Nous ne pouvons pas non plus nous dire disciples de Jésus-Christ sans partager sa vision de la création et son souci de tout ce qui est fragile et blessé. »
De fait, une conversion véritable ne peut être qu’une conversion à Dieu, à Jésus-Christ et à sa loi d’amour et il est vrai qu’elle vise à vivre de sa vie en se détachant des biens de ce monde. Mais il faut comprendre que dans le discours écologique qui nous est servi jusqu’à plus soif depuis les institutions internationales jusque dans les salles de classe et à longueur de discours estampillés ne veut justement pas de cette conversion authentique qui tranche entre le vrai et le faux, le bien et le mal, mais va de pair avec le rejet de l’ordre naturel.
On ne peut reprocher à Léon XIV de méconnaître les vraies priorités de l’homme quand il dit : « Que chacun de nous grandisse dans ces quatre relations – avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec nous-mêmes – grâce à une attitude constante de conversion », en rappelant (avec une note conférant à l’Evangile de saint Matthieu) : « Nous sommes une seule famille, avec un seul Père, qui fait lever le soleil et fait tomber la pluie sur tous. »
C’est le passage du Discours de la Montagne, où Notre Seigneur commande : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »
Léon XIV accepte sans discuter le discours de la COP30
Oubliés, les « bons et les méchants » ; « les justes et les injustes » ? Léon XIV réclame ici la mobilisation de tous, ensemble : « Tous les membres de la société, par l’intermédiaire d’organisations non gouvernementales et de groupes de défense, doivent faire pression sur les gouvernements pour qu’ils élaborent et mettent en œuvre des réglementations, des procédures et des contrôles plus rigoureux. Les citoyens doivent jouer un rôle actif dans la prise de décisions politiques aux niveaux national, régional et local. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible d’atténuer les dommages causés à l’environnement. La législation locale sera également plus efficace si les communautés voisines soutiennent les mêmes politiques environnementales. »
Sans surprise à ce stade, il affirme espérer « que les prochains sommets internationaux des Nations unies – la Conférence sur les changements climatiques de 2025 (COP30), la 53e session plénière du Comité de la sécurité alimentaire mondiale et la Conférence sur l’eau de 2026 – écouteront le cri de la Terre et le cri des pauvres, des familles, des peuples autochtones, des migrants involontaires et des croyants du monde entier ».
Le pape a achevé son discours par ces mots : « Je voudrais conclure par une question qui nous concerne tous. Dieu nous demandera si nous avons cultivé et pris soin du monde qu’Il a créé (cf. Gn 2, 15), pour le bien de tous et des générations futures, et si nous avons pris soin de nos frères et sœurs (cf. Gn 4, 9 ; Jn 13, 34). Quelle sera notre réponse ? »
Notre réponse ne pourra être que celle donnée dans la liberté des enfants de Dieu – libres de mettre Celui-ci à la première place et d’accomplir sa volonté – avec son exigence d’un vrai discernement qui cherche, derrière les apparences de promotion du « bien commun », à voir comment le discours écologiste contemporain l’exploite et le manipule pour avancer des causes trompeuses qui détournent de Dieu.
Car s’il est vrai que nous sommes appelés à « garder » la Création, à ne pas en abuser – il n’y a là rien que de très traditionnel – il ne peut pas nous être demandé et encore moins ordonné d’adhérer sous ce prétexte à un programme politique fondamentalement collectiviste qui ne craint pas de s’opposer radicalement à la loi du Créateur et au bien de l’homme.