Le Mot : Duralex

 

L’entreprise avait été fondée dans l’euphorie de la Libération, en 1945, pour inonder la France de verres et de vaisselle quasi incassables à bon marché. Tous les enfants du baby-boom, toutes les cantines ont connu Duralex. Et puis en 2024 on s’achemine vers la faillite : la gamme des produits ne convient plus, l’outil de production est vieillot. Mais les salariés croient à leur boîte et la reprennent en coopérative. Mais les comptes sont les comptes, et le compte n’y est pas : pour rénover la machine industrielle Duralex, il faut de l’argent. En désespoir de cause, l’entreprise lance une levée de fonds auprès du public. En quelques heures, 7.000 personnes souscrivent les cinq millions nécessaires, pour un rendement annuel de 8 % sur sept ans, partiellement défiscalisé. A un moment de déprime économique et politique où tout le monde se méfie de tout, ce résultat surprend. François Marciano, directeur général, commente : « Les Français ont répondu présent. La rapidité avec laquelle nous avons collecté ces fonds démontre leur attachement viscéral à notre marque. » Il y a comme ça des mots, des images, des marques, venus « d’avant » le déclin actuel, qui suscitent l’émotion des Français de souche. Reste à en faire quelque chose. Par exemple une gestion raisonnable et inventive. Reste aussi que l’économie française ne peut pas vivre de crowdfunding sentimental.