Le Mot : Pirarucu

Le Mot Pirarucu
 

De l’Amazonie, tout le monde connaît le chef (indien) Raoni. Une icône pour les écologistes et les décoloniaux, un bon sauvage universellement révéré de Nicolas Hulot à Marine Tondelier. Les Brésiliens honorent aussi un autre chef (coq), Saulo Jennings, théoricien de la cuisine « durable », dont la devise est « Nous mangeons ce que les forêts et les rivières nous offrent ». L’ONU en a fait l’un de ses ambassadeurs pour la gastronomie. Or il aime à préparer le piracucu (ou arapaïma), l’un des plus grands poissons d’eau douce du monde, qui peut atteindre quatre mètres cinquante de long. Comme avait lieu le 5 novembre à Rio la remise du Earthshot Prize par le prince William d’Angleterre, fondateur et président du prix, les organisateurs ont pensé à Jennings pour le festin de clôture. Un chef féru d’Amazonie durable pour le dîner qui récompense des « exemples novateurs et révolutionnaires de leadership climatique », cela tombait pile poil. Et Saulo Jennings a proposé son menu, où figurait le pirarucu (prononcer piraroucou) accommodé à l’amazonienne. Réponse du Earth Prize Shot : niet ! Les organisateurs sont végan de stricte obédience. Rien d’animal sur la table. Pour Jennings, c’est une hérésie, la durabilité n’implique pas le véganisme. Il a remballé ses casseroles et les végan ont choisi un autre chef. Le prince William ne connaîtra jamais le goût du pirarucu. Les écolos ont de ces contradictions ! Cela n’est pas neuf, d’ailleurs. Du temps de Swift déjà les grosboutsiens se chamaillaient avec les petitsboutsiens sur le côté par lequel il convient d’ouvrir son œuf à la coque. Cela n’a pas empêché William de se dire optimiste sur le climat, comme Bill Gates.