Le Parlement européen interdit les réseaux sociaux aux moins de 16 ans

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Le Parlement européen a voté ce jeudi, par 483 voix contre 92 et 86 abstentions, l’interdiction aux moins de 16 ans de l’accès aux réseaux sociaux, aux plateformes de partage de vidéos et aux chatbots d’IA. Il emboîte ainsi le pas aux propos tenus dans son discours annuel sur l’état de l’Union européenne en septembre par la présidente de la Commission de Bruxelles Ursula von der Leyen, qui prévoyait d’imiter la politique de l’Australie en la matière : « Je suis de près la mise en œuvre de leur politique afin de déterminer les prochaines étapes à suivre en Europe. Je constituerai un groupe d’experts qui me conseillera d’ici à la fin de l’année sur la meilleure approche à adopter pour l’Europe. » Mais si l’on peut comprendre l’inquiétude que provoquent l’usage des nouveaux moyens de communication par les enfants et adolescents, on peut encore plus craindre raisonnablement que l’Union européenne ne se serve de la peur pour réduire les libertés.

 

Tout interdit aux moins de 16 ans, réseaux sociaux et plateformes

Emmanuel Macron, en phase avec Ursula von der Leyen et le Parlement européen, accuse sans citer de nom les géants américains de la tech et les Chinois avec leurs algorithmes de répandre le harcèlement, l’intimidation et l’extrémisme parmi les enfants et les adolescents. Loin de contribuer à la liberté d’expression, les réseaux sociaux installeraient au contraire le « Far West » chez les jeunes, sans qu’on puisse rien faire pour les maîtriser. C’est pourquoi il a demandé de nouvelles décisions afin de « créer une souveraineté numérique qui protège nos enfants, nos adolescents et notre espace démocratique ». Le parlement européen, dans ce sens, fait état d’études médicales et comportementales pour justifier son vote. Pour les députés, un mineur sur quatre fait désormais un usage « problématique » du smartphone, qu’on peut comparer à une addiction. Ils ont mis en cause des usages tels que le défilement indéfini, qu’on appelle aussi en anglais « doom scrolling ». De même la lecture automatique des vidéos et les algorithmes de recommandation personnalisés nuisent-ils au bien-être, à la concentration et au sommeil des enfants.

 

Le Parlement européen au secours d’une Europe policière ou d’un marchandage commercial ?

Ces observations sont exactes, mais justifient-elles un interdit général pour les moins de seize ans ? Ou bien doit-on donner raison à un Elon Musk, partisan de la « liberté d’expression radicale », qui voit dans ces limitations autoritaires un moyen pour l’Union européenne de faire taire toutes les voix dissonantes pas le moyen de la « régulation » ? Car, pratiquement, sous couleur de protéger les mineurs en ligne, ce qui est un objectif louable, le Parlement européen préconise en premier lieu une application stricte des règles numériques existantes, ce qui permet à l’Union européenne une surveillance sans limite. En second lieu, dans cette optique, les plateformes seraient responsables de veiller à ce que leurs services soient « sûrs » dès leur conception pour les jeunes utilisateurs. Sur le papier, c’est parfait : mais, selon la définition qu’on a de cette sécurité, cela justifier toutes les intrusions de l’UE et tous les interdits. En outre, derrière cette question de principe capitale se cache une guerre commerciale que l’Europe est en train de perdre et qui risque de se terminer par un petit marchandage. L’UE a jusqu’à présent refusé de modifier son cadre réglementaire, la loi sur les marchés numériques et la loi sur les services numériques, en invoquant le principe de souveraineté. Mais cette semaine, un responsable américain s’est rendu à Bruxelles et a exhorté la Commission à revoir sa mise en œuvre des règles numériques en échange de meilleures conditions commerciales avec les Etats-Unis.

 

P.M.