« Un fiasco », « un festin de misère », « un fatras de fiel, d’envie et de méchanceté »… les expressions n’ont pas manqué dans la presse britannique pour qualifier le nouveau budget présenté mercredi dernier par Mme le Chancelier de l’échiquier. Elle avait pourtant juré, il y a très exactement un an, qu’elle n’imposerait plus de nouveaux emprunts ou de nouvelles taxes (+ 40 milliards de livres l’année dernière). Eh bien, elle y revient, sans sourciller – la fidélité à l’engagement électoral, la gauche connaît. Le mensonge aussi : alors que ce budget était censé combler un « trou noir » de 30 milliards de livres, il s’avère que sans augmentation des impôts et taxes et sans l’augmentation des allocations de toutes sortes, il n’y aurait pas de déficit et qu’elle atteindrait ses objectifs (avec même un surplus 4,2 milliards de livres).
Rachel Reeves a donc annoncé la levée de 30 milliards de livres d’impôts supplémentaires ! Et pas dans le bon sens : tout pour renforcer les aides sociales, rien pour stimuler le travail, la réussite, l’accès à la propriété. Comme le disait Allister Heath dans The Telegraph, « la victoire des travaillistes est totale. Le socialisme est de retour. (…) Place à la redistribution, à l’Etat-providence, au hasard et à l’égalité forcée des résultats ». Comme en France, et comme ailleurs, les idéologies politiques dominent, au mépris des réalités économiques, dans une guerre au droit de propriété et à la classe productive.
On s’enfoncera mécaniquement dans la récession, mais c’est bien ce qui est voulu : les travaillistes contre les travailleurs. Non seulement ces derniers sueront sang et eau pour leurs retraités de plus en plus nombreux, mais ils le feront aussi pour les intouchables, les bénis de la gauche, ceux par qui le grand nivellement financier se fera.
De nouveaux impôts qui fouillent les réserves et grappillent toujours plus
Le cafouillage avait déjà commencé trente minutes plus tôt alors que le Bureau de la responsabilité budgétaire (OBR) laissait fuiter en ligne l’entière présentation du budget avant même que Rachel Reeves ait commencé d’en parler. De quoi se préparer à la bombe fiscale qui allait surgir : 43 hausses d’impôts. Et le pire, c’est que Mme Reeves a refusé de promettre qu’il n’en sera pas de même pour l’année prochaine… Comme le souligne The Daily Mail, elle est en passe d’augmenter davantage les impôts au cours de ses 18 premiers mois au pouvoir que son prédécesseur travailliste, Gordon Brown, en une décennie.
« Pas d’emprunts inconsidérés, pas de coupes budgétaires dangereuses, mais la stabilité de notre économie, la sécurité des finances publiques et la sécurité financière des familles », a-t-elle déclaré. Dans les faits, des choix de gauche.
Reniant ses promesses, elle a d’abord prolongé le gel des seuils d’imposition pour trois ans (ils sont en théorie régulièrement ajustés en fonction de l’inflation). Ce qui signifie qu’un quart des contribuables paieront davantage et qu’un million de retraités supplémentaires seront intégrés au système fiscal. Elle fait passer ainsi le taux de prélèvements de 34,7 % du PIB l’an dernier à un niveau record de 38,3 % d’ici 2030-2031 (c’est toujours nettement moins qu’en France…).
Elle impose aussi une taxe sur les régimes de retraite par prélèvement direct sur salaire, augmente la taxe sur les carburants et imagine une tarification routière pour les véhicules électriques de 3 pence par mile (après les avoir tellement favorisés, il faut bien les faire cracher au bassinet). Le plafond annuel des virements sur des comptes d’épargne individuels (ISA) non taxés est aussi abaissé de 20.000 £ à 12.000 £. (En France, on a aussi des plafonds sur l’épargne non imposable, mais avec des plafonds similaires… pour les comptes eux-mêmes.)
Les propriétaires : nouvelle cible au Royaume-Uni
Surtout, Mme Reeves lance une attaque de taille avec une nouvelle « taxe sur les résidences principales » (à défaut d’y mettre des migrants) : 2.500 £ par an pour les maisons d’une valeur de 2 millions de livres, 7.500 £ par an pour celles de plus de 5 millions. Une mesure contre les riches ? Une mesure contre les propriétaires en tant que tels surtout, les possédants, les nantis qui ont sagement mis de côté toute leur vie pour pouvoir acheter les murs dans lesquels ils veulent vieillir…
Un impôt qui n’est pas étranger aux Français, puisqu’il s’apparente in fine à notre taxe foncière, à la différence près que, chez nous, tous les propriétaires sont concernés, sans seuil financier. Le journaliste du Telegraph s’effraie d’ailleurs, à juste titre, imaginant que les seuils de cette nouvelle taxe britannique sur les résidences principales puissent s’élargir avec les années, touchant de plus en plus de contribuables ! En France, surtout depuis la suppression de la taxe d’habitation, elle a pris dans certaines communes une telle ampleur qu’on paie quasiment un micro loyer à côté de son remboursement d’emprunt… Les économies promises ont bénéficié uniquement aux non propriétaires, alors qu’il ne semble pourtant pas illogique d’apporter une contribution de base pour les services locaux.
Et quid des personnes âgées, par exemple, qui sont devenues propriétaires, dans les années 1970, de maisons cossues qui n’avaient alors pas grande valeur ? Les Français connaissent bien le problème, mais les Britanniques s’affolent. Qu’ils se rassurent, Rachel Reeves a pensé à tout : elle va probablement, rapporte The Telegraph, autoriser le cumul de cet impôt et son paiement au décès des retraités, ou lorsqu’ils choisissent de vendre leur maison ! Double peine pour la classe moyenne anglaise qui subira ce nouvel impôt en plus de droits de succession…
« Une attaque contre l’ambition et l’épargne » ? Du socialisme
C’est « une attaque contre l’ambition et l’épargne », tempête Nigel Farage. Taxer la richesse acquise, déjà constituée, en plus des revenus, des ventes, des héritages… voilà une idée bien marxiste. Et elle est admirablement complétée, en toute logique, par l’autre détermination de Reeves dans ce nouveau budget : le refus de couper quoi que ce soit dans les aides sociales. Le pays plonge économiquement, mais on ne touche pas aux prestations.
Pire, on en crée de nouvelles : Reeves a annoncé l’abandon du plafond, imaginé par le gouvernement Cameron en 2015, qui limitait le versement de certains avantages sociaux aux deux seuls premiers enfants. Sur le papier, c’est pour lutter contre la pauvreté infantile. Concrètement, c’est surtout pour s’assurer les bonnes grâces d’un certain électorat qui n’a rien à voir avec les familles occidentales : elles, malheureusement, n’ont presque plus d’enfants.
« Si vous êtes Somalien et que vous avez dix enfants, c’est le meilleur budget de tous les temps », a ironisé Nigel sur la chaîne GB News. Les dépenses sociales totales devraient désormais dépasser les 400 milliards de livres sterling par an, soit une hausse de 22 %.
Les ingrédients clés d’une croissance économique ? Oubliés. Le bon travailleur, le bon épargnant n’a qu’à se rhabiller. L’Etat-Providence surveille et veille au bon déroulé de son programme : la répartition des richesses dans un égalitarisme radical et un socialisme débridé. La dette, pendant ce temps, augmente toujours plus – mais ça, ce n’est pas leur problème.











