A la COP30, la spiritualité globale marque de nouveaux points en vue de la re-paganisation de l’Occident

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La dimension religieuse de la COP30 devient de plus en plus manifeste et révèle l’objectif profond de la lutte contre le « changement climatique », affirme Alex Newman dans un passionnant article publié dans la version imprimée de The New American : la re-paganisation de l’Occident au détriment de la civilisation chrétienne qui l’a façonné. Il qualifie cette tendance croissante vers un « réalignement spirituel » fondé sur « une éthique mondialiste, syncrétique et centrée sur la Terre ». Une nouvelle morale se dessine sous couleur d’« unité », et elle entraîne un nouveau regard sur la réalité, sur la vie, sur la place de l’homme dans le cosmos, au nom d’une « cause sacrée » à laquelle il faut adhérer. Tel est le moteur de la spiritualité globale.

Alex Newman était sur place à Belém, au Brésil, lors de cette COP30 « amazonienne » : il est témoin direct de ce qu’il rapporte. Et c’est inquiétant : il constate « le cadrage de plus en plus religieux et spirituel du mouvement climatique mondial ». « Loin d’être une assemblée laïque et scientifique, la COP30 a réuni une coalition sans précédent de religions du monde. Cette alliance comprenait des catholiques, des protestants, des bouddhistes, des musulmans, des hindous, des juifs, des païens indigènes et des spiritualistes. Tous se sont ralliés à un consensus moral mondial réinventé, largement axé sur l’action climatique et les émissions de CO2 », assure-t-il.

 

La COP30 précédée d’une réunion « Faith in climate »

La COP30 a été précédée, le 13 août, d’un rassemblement religieux au Mémorial des Peuples indigènes à Brasilia sous le titre « Faith in climate 2025 » – « foi au climat », tout un programme – sous l’égide de l’ONU et du gouvernement du Brésil. Et en présence de la fille d’Al Gore, Karenna… Placés en cercle, « des représentants du judaïsme, de l’umbanda, de l’islam et d’autres confessions ont échangé leurs expériences sur leur “connexion” avec la Terre. La réunion s’inscrivait dans le cadre du Global Ethical Stocktake (GES) de la COP30, qui vise à inclure la diversité culturelle dans la mobilisation contre le changement climatique », lit-on sur le site de la COP30. La liste totale des participants n’est pas en ligne mais le conseil des Eglises chrétiennes a communiqué sur sa présence et l’Eglise catholique au Brésil en fait partie.

Au demeurant, l’événement s’inscrivait ouvertement dans la lignée de la veillée inter-religieuse qui avait eu lieu au Sommet de la Terre à Rio 33 ans plus tôt, en présence du Dalai Lama et d’un des pères de la théologie de la libération, Dom Helder Câmara. Et de bien d’autres événements accueillis par les COP précédentes, comme celle de Bakou.

A Brasilia, c’est Mãe Cícera de Oxum, représentante du culte Umbanda qui a donné le ton, citant les Orixás, dieux du culte chamanique né en Afrique de l’Ouest : « Sans la nature, il n’y a pas de religion. Sans feuilles, il n’y a pas de saints. Sans écorce, il n’y a pas de remède. Sans racines, il n’y a pas de remède. La forêt, la nature, protège fidèlement nos dieux. »

Ana Toni, directrice exécutive de la COP30, était présente et en a salué la ferveur religieuse. « Nous avons appelé ce grand effort collectif pour lutter contre le changement climatique un “mutirão” », a-t-elle déclaré, utilisant le mot indigène qui désigne un effort collectif et qui est devenu le cri de ralliement du sommet. « Mais après cet événement, je dirais que la COP30 n’est pas seulement un grand mutirão, mais aussi une grande communion », a-t-elle déclaré.

 

La spiritualité globale plus visible que jamais à la COP30

Alex Newman signale que la COP30 a montré une « convergence religieuse » sans précédent puisque la « coalition spirituelle » soutenant les objectifs de ONU « rassemblait toutes les grandes religions et tous les grands mouvements religieux du monde ». Le point culminant de cette COP fut d’ailleurs une « liturgie interconfessionnelle virtuelle sur le climat ». Et les croyances panthéistes y sont de plus en plus visibles, prenant le devant de la scène avec rituels et symbolisme du culte de la terre.

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a donné carte blanche à son Comité de liaison interconfessionnel (ILC) pour insuffler de la spiritualité dans tous les domaines. Prétendant représenter des dizaines de religions, du christianisme à l’islam en passant par le judaïsme, le paganisme et le culte de la Terre, l’ILC a laissé son empreinte partout. Son événement spirituel officiel « Prières et méditations pour la COP30 » a réuni des imams, des rabbins et même des chamans autochtones du monde entier pour prier en faveur d’une « action climatique » audacieuse.

L’ILC a également organisé une réunion « dans l’Esprit du Dialogue Talanoa », le 10 novembre : en visio ou sur place, à l’église luthérienne de Belém, les intervenants ont pratiqué cet art des îles Fidji centré sur le dialogue « inclusif, participatif et transparent » par l’échange d’histoires racontées pour créer de « l’empathie » en vue de prendre « de sages décisions pour le bien collectif ». Le tout avec en toile de fond, dans le cadre de la COP30, avec l’idée que « nous avons une relation de frères et de sœurs avec l’ensemble de la création non-humaine », selon un intervenant – mais n’est pas saint François d’Assise qui veut. Ce dernier ne demandait pas que tout soit sacrifié à la nature.

 

La spiritualité globale vise aussi le socialisme mondial

Dans leur appel interconfessionnel à l’action de la COP30, les chefs religieux ont appelé à une restructuration de la société mondiale et de l’économie mondiale autour de la « durabilité » et de la « justice climatique ». Faisant référence à la récente décision de la Cour internationale de justice, les chefs religieux ont également affirmé que « tous les Etats membres de l’ONU » étaient tenus de se conformer au droit international. Ainsi les leaders religieux ont-ils bien en tête de remodeler le monde, notamment par le biais de la redistribution des richesses : « La justice climatique nécessite l’élimination rapide et équitable des combustibles fossiles », peut-on lire dans l’appel à l’action interconfessionnel Talanoa 2025 pour la COP30.

La prétention onusienne à une spiritualité syncrétique n’a rien de nouveau, le secrétaire assistant de plusieurs secrétaires généraux, Robert Muller publiait en 1982 son livre New Genesis: shaping a global spirituality ; il ne détonnait pas par rapport aux secrétaires généraux tels Dag Hammarskjöld à la spiritualité vaguement chrétienne, ou U Thant, le bouddhiste. Dans un tel contexte, les religions sont les bienvenues tant qu’elles servent les objectifs de l’ONU, moins liés à la « crise climatique », comme ils disent, qu’à la volonté de relativiser les différentes croyances qui ne doivent pas se prétendre vraies mais participer ensemble à l’œuvre commune.

Newman note que « l’Eglise catholique romaine était également présente en force » à la COP30, avec « la plus grande délégation jamais envoyée à un sommet des Nations unies sur le climat, composée d’un “nombre sans précédent” de cardinaux et d’évêques, selon des connaisseurs de la chose ».

 

Que va faire l’Eglise catholique dans cette marche vers la re-paganisation ?

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, était à la tête de cette délégation ; c’est lui qui a pris la parole lors du sommet d’ouverture au nom du pape Léon XIV en appelant à une action mondiale concertée. « L’égoïsme collectif et le mépris du bien commun empêchent les nations de prendre les mesures que la morale exige », a déclaré Parolin au nom du nouveau pontife. Léon XIV lui-même a envoyé un message vidéo, vantant l’accord de Paris – auquel Trump a soustrait les Etats-Unis – comme « l’outil le plus puissant » pour protéger la planète. « Une action climatique plus forte », a-t-il déclaré, créera « des systèmes économiques plus équitables ».

Alex Newman observe quant à lui qu’« au cœur de tout ce processus climatique se trouve l’argument souvent implicite, mais parfois explicitement énoncé, selon lequel le christianisme biblique est la cause de la “crise climatique” et, plus largement, des dommages environnementaux ». Il poursuit : « Dans son essai historique de 1967 intitulé Les racines historiques de notre crise écologique, l’universitaire Lynn White, Jr. a soutenu que la tradition chrétienne occidentale – en particulier son interprétation du “mandat de domination” de la Genèse – était à l’origine des problèmes environnementaux. »

Un peu comme les penseurs de la Nouvelle droite imputent au catholicisme les problèmes qu’ils identifient dans l’Europe contemporaine…

 

La re-paganisation par la promotion de l’indigénisme

C’est tout naturellement que ce petit monde fort puissant se tourne vers les « peuples premiers », les tribus indigènes, les cérémonies en coiffes à plumes et, en ouverture d’un événement de la COP20, les chants rituels ancestraux du leader guarani Mirim Ju Yam, qui en appellent à leurs dieux – c’est-à-dire ces idoles dont l’Ecriture sainte nous dit que ce sont des démons. Mais c’est à leur « sagesse » et à leur « spiritualité » qu’on se fie pour rétablir le lien avec la « maison commune » (l’expression fut popularisée par Gorbatchev au moment de la Pérestroïka) et de la « Terre-Mère »… « « forêt est vivante. Les esprits de la terre parlent. Nous devons les écouter », chantait l’Indien. Il en profita, raconte Newman, pour dépeindre « un passé idyllique avant l’arrivée de la civilisation chrétienne, dans lequel ses ancêtres entretenaient une “relation sacrée” avec la terre et la nature ». Au-delà de laquelle il n’y a rien : « La nature n’est pas un objet. La nature est tout ce qui existe. Nous faisons partie de cette nature. »

Animisme, chamanisme font partie des croyances qui avaient, sans doute plus que toutes les autres, droit de cité à la COP. Ce n’est pas un hasard si l’Amazonie, avec ses traditions croisées entre autochtones américains et africains est un haut-lieu de ces discours à la gloire de la « Terre-Mère » et du « Père Ciel » aujourd’hui en colère contre l’humanité exploitatrice. « La “sagesse et la spiritualité autochtones” ont été présentées à plusieurs reprises comme la solution pour apaiser ces divinités planétaires en colère », rapporte Alex Newman. Il est vrai que les hauts responsables on ne peut plus sérieux de la COP n’hésitent pas à reprendre ce vocabulaire en évoquant la « Terre Mère », « l’esprit de la forêt » et « la guérison de notre relation avec la planète » : pour Newman, ce sont « autant d’échos évidents des cosmologies anti-chrétiennes qui sont de plus en plus considérées comme essentielles pour sauver le monde ».

Rien n’a changé depuis le Sommet de Rio en 1992, lui-même imprégné de spiritualité païenne, panthéiste et New Age. L’objectif politique est clair : dénoncer le colonialisme (comme le fait parallèlement, voire de manière convergente, la Russie en Afrique…), faire payer l’Occident, rendre justice aux autochtones qui ont su conserver l’état de nature face à la civilisation. L’objectif religieux, lui, plus discret, est en train de se montrer de plus en plus à découvert. Le mouvement climatique lui-même dévoile le caractère essentiellement spirituel de son combat.

Non, vraiment, ce n’est pas un hasard si la Chine communiste a offert à Belém un dragon cornu mâtiné d’homme et de léopard pour symboliser cette lutte. Ils ne supportent pas la croix dressée sur le monde, mais ils exaltent bel et bien leurs faux dieux.

 

Jeanne Smits