La cour de Cassation a confirmé le licenciement pour faute grave de Fatima Afif, employée qui conservait son voile à la crèche Baby-Loup de Chanteloup-les-Vignes, au terme d’un gymkhana judiciaire. C’est une victoire de la république laïque et de la maçonnerie sur l’islam.
Fait notable, la crèche Baby-Loup avait été fondée par un collectif de femmes progressistes en 1991, dont son actuelle directrice, Natalia Baleato, née au Chili, réfugiée en France après le coup d’Etat du général Pinochet.
Quand Mme Afif a poursuivi la crèche Baby-Loup devant diverses juridictions, il n’y avait donc, dans la mentalité du système, pas les méchants d’un côté et les bons de l’autre, mais des bons des deux côtés.
Un voile, deux arrêts contradictoires de la cour de Cassation
Les blocages et les contradictions sont innombrables dans cette affaire. Fatima Afif avait porté l’affaire en 2009 devant les prud’hommes, puis, faute de pouvoir l’emporter, devant la Halde en 2010. La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité condamnait Baby-Loup. Mais quelques mois plus tard Jeannette Bougrab prenait la tête de la Halde et s’opposait au jugement de celle-ci.
En décembre 2010, les prud’hommes donnaient raison à la directrice de la crèche et Fatima Afif faisait appel devant la cour de Versailles, qui lui donnait tort en octobre 2011. Sûre de son droit, l’employée saisissait la cour de Cassation, qui annulait en mars 2013 la décision de la cour d’Appel de Versailles, et renvoyait le cas devant la cour d’Appel de Paris. En novembre 2013, celle-ci confirmait à son tour le licenciement. Enfin hier, la cour de Cassation reconnaissait la validité de la décision de la cour de Paris, déclenchant la joie des avocats de Baby Loup.
La république a laissé tomber la crèche Baby-Loup
Les revirements de la justice traduisent les contradictions idéologiques au sein de la gauche politique. Si Fatima Afif est soutenue par les associations qui voient dans l’interdiction du voile une discrimination, la crèche Baby-Loup est devenue un emblème pour les dévôts de la république laïque. Manuel Valls l’a soutenue depuis le début, en tant que député maire d’Ivry puis en tant que ministre.
Et Jeanette Bougrab a déclaré : « La gauche laïque n’existe plus. En première instance pour Baby Loup, il y avait le Catalan Manuel Valls, la Juive d’Europe de l’Est Elisabeth Badinter et moi, la fille de harki musulman. Les premiers coupables, c’est la République, c’est la France, ce sont les autorités de l’Etat, les élites françaises, qui ont une espèce de culpabilité post-coloniale »…
Depuis, Baby-Loup a aussi reçu le soutien d’Alain Finkielkraut, mais, devant les insultes et les voies de faits dont elle a été victime de la part de certains musulmans, la crèche a dû déménager à Conflans Sainte Honorine. Ce n’est pas grave. Des crèches coraniques l’ont remplacée.