C’est la crise, mais pas pour tout le monde. Le marché mondial de l’art a bondi de 17 % au premier semestre de cette année, les ventes aux enchères publiques ayant dépassé les 7 milliards de dollars, selon la société Artprice spécialisée dans la cotation de l’» art contemporain ». L’année 2013 avait déjà battu les records antérieurs avec 12,17 milliards de dollars dépensés.
Pour Thierry Ehrmann, président fondateur d’Artprice, cette progression s’explique par l’augmentation du nombre de chalands : près de 70 millions de « consommateurs d’art » aujourd’hui contre 500.000 « collectionneurs » dans l’après-guerre. A quoi s’ajoute l’explosion du nombre de musée et centres d’art, publics et privés, notamment en Asie-Pacifique, mais aussi en Amérique du Sud et au Proche et au Moyen-Orient. Une « industrie muséale » en pleine expansion et qui a besoin de matière…
Investir dans l’art à l’heure de la volatilité financière, c’est aussi s’assurer une certaine stabilité et permet d’escompter des profits intéressants, avec une rentabilité annuelle de 10 à 15 % pour les œuvres « supérieures à 100.000 euros », explique Ehrmann.
Où l’on voit que l’art en vient à avoir une fonction de valeur refuge (ainsi que l’espèrent ses acquéreurs) et de bien d’investissement, plutôt que de représentation esthétique au service de l’esprit humain. Dans le cas de l’« art contemporain », c’est même la cote qui devient la valeur essentielle, puisqu’il s’agit d’une pure spéculation.