« J’arrête quand je veux » tente de renouer avec les grandes comédies sociales italiennes des années 1950-1970. Le film provoque un sourire quasiment continu, ce qui n’est déjà pas mal, mais les rires ne sont pas si fréquents. Il lui manque paradoxalement un peu de folie. Surtout le tragique des situations reste trop présent derrière la farce pour permettre une franche hilarité. En effet, la situation dramatique, initiale et finale renvoie à une réalité sociale terrible, qui dure depuis des années, le chômage des cols blancs compétents. Un chimiste de haut niveau ne trouve plus d’emploi dans la recherche publique, il ne peut pas non plus partir dans la recherche privée, ou même l’industrie chimique, toutes deux agonisantes. Un économiste ultralibéral, partisan de l’école autrichienne, dogmatique du marché le plus libre, n’arrive pas à trouver une place dans le monde du travail, et vit, péniblement, aux crochets d’une artiste de cirque gitane –et sous la menace d’un mariage imposé par des frères sourcilleux sur la morale. Là, par exception, c’est franchement drôle. La situation est semblable pour un ingénieur en construction navale militaire, pire pour les linguistes … De brillants professeurs finissent pompistes, métier honnête certes, ce qui n’est au fond pas exagéré hélas. Le chimiste décide alors de fabriquer de la drogue, seul débouché véritable à ses compétences dans l’Italie d’aujourd’hui. Devant le spectacle de la précarité des professeurs, les étudiants ne font plus rien, dorment le jour, s’abrutissent la nuit en discothèque, consomment des substances illicites, et fournissent la première clientèle de leurs ex-professeurs …
La narration fonctionne, n’ennuie pas, plaisante sans s’avérer brillante ni irrésistible. Il faut remarquer que les réalisateurs italiens sont plus libres que les français ou les anglo-saxons, se permettant des plaisanteries, d’ailleurs pas vraiment méchantes, sur les Gitans, les Maghrébins, les Albanais, absolument inenvisageables à l’Ouest des Alpes. Si la situation économique et sociale française n’est guère brillante, elle est encore pire en Italie, ce que rappelle justement J’arrête quand je veux, comédie triste. Le gâchis de compétences en Italie, et plus largement en Europe, à l’exception éventuellement de l’Allemagne, est dramatique.