Dans le quotidien allemand Handelsblatt, Jürgen Stark, membre du directoire de la banque centrale européenne (BCE) de 2006 à 2011, écrit que la BCE est en train de devenir une « bad bank », une banque pourrie en laquelle on ne peut avoir confiance. Pourquoi ? A cause des « énormes risques » que présenterait sa politique monétaire. Jürgen Stark, que la presse surnommait « l’économiste en chef » de la BCE, ne craint pas de casser les vitres.
Bad bank : une vieille inquiétude de Jürgen Stark
Il avait démissionné voilà quatre ans pile, le 9 septembre 2011, en révélant les dissensions qui agitaient la Banque centrale européenne. Cet orthodoxe du mark fort n’avait pas supporté que le directeur d’alors de la BCE, Jean-Claude Trichet, ait lancé un programme de rachat d’obligations publiques pour soulager les pays les plus fragiles de la zone euro. Il avait aussi préconisé la sortie de la zone euro en cas de crise de la dette. Aujourd’hui, il fait entendre la voix de tous ceux qui, en Allemagne, craignent pour l’indépendance de la BCE et pour l’orthodoxie de sa politique monétaire. Il a été remplacé par un autre allemand, Jörg Asmussen au directoire, mais pas à son poste, le nouveau président, Mario Draghi, ayant modifié la répartition des postes. Désormais, l’économiste en chef de la BCE n’est plus un allemand.
La controverse sur l’économiste en chef à la BCE
Est-ce pour cela que Jürgen Stark estime aussi que la réorganisation stratégique de la Banque centrale européenne est « contraire au traité de Maastricht » et qu’elle ne répond à « aucune légitimité démocratique » ? Dans son blog, Yves Daoudal note que la sortie de ce vieux routier de la finance a été relevée et commentée par toute la presse européenne, en Allemagne, Angleterre, Irlande, Italie, Espagne, Grèce, mais… pas en France. En effet, deux conceptions de la révolution mondiale par la finance s’affrontent : l’une qui sous couleur d’assainissement entend accélérer le transfert de richesse du Nord au Sud, l’autre qui souhaite donner un peu d’air aux pauvres du Nord pour ne pas provoquer une révolte qui menacerait le système.