« Net zéro » : bannir le mot pour imposer la chose

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Ne parlez plus de « net zéro » ! C’est le cri d’alarme de Chris Stark, directeur exécutif du Climate Change Committee britannique, pour qui le concept a désormais des effets néfastes à force d’avoir été utilisé par l’ennemi numéro un de la transition énergétique, les « populistes ». Stark se désole de voir le concept des « zéro émissions nettes » à quoi tendent toutes les politiques dites « vertes » en traquant le CO2 utilisé comme une arme dans la « dangereuse » guerre culturelle menée autour du climat. Si l’expression se retrouvait dans les poubelles de l’histoire, il en serait « intensément détendu », a-t-il déclaré. Bannir le mot, pour imposer la chose…

« Le net zéro est devenu un véritable slogan dont je pense par moments qu’il n’est plus d’aucun secours, tant on l’associe aux campagnes qui visent à la contrer. Ce n’est pas une chose à laquelle je m’attendais », a expliqué Chris Stark, qui n’arrive décidément pas à faire le lien entre les aspects néfastes pour le citoyen ordinaire de la course vers la décarbonation telle qu’il la vit, et la propagande en sa faveur.

 

Le « net zéro » est devenu un épouvantail. La faute à qui ?

Le net zéro a si mauvaise presse au Royaume-Uni que les acteurs politiques de tout bord s’y efforcent de se distancer du concept en allégeant ou en promettant d’alléger ses contraintes. Mais Stark incrimine d’abord les « guerriers culturels » qui répandent dans l’opinion l’idée que le net zéro coûte cher, et qu’il faut de toute façon s’en méfier.

« Pourtant, il nous faut toujours réduire les émissions. Au bout du compte, c’est tout ce qui importe », martèle l’alarmiste du climat qui veut voir son pays investir dans les « renouvelables », les véhicules électriques et tout l’attirail dit « durable » pour rester compétitif face aux autres pays. Oubliant, ou taisant au passage que les pays les plus compétitifs sont aujourd’hui ceux comme la Chine ou l’Inde qui ont relégué leur objectif « net zéro » loin dans l’avenir face à leurs concurrents. Pour leur plus grand avantage

Oublions donc le net zéro, insiste Stark – mais agissons pour son avènement. Ou, comme il le dit sans la moindre gêne : « Gardons-le comme objectif scientifique ; nous n’avons pas besoin de l’utiliser comme un emblème dont nous illustrons chaque programme. » Bel exemple d’hypocrisie !

Pour sa part, il aimerait réhabiliter l’image de la pompe à chaleur, perçue aujourd’hui « par certains comme ennemie du peuple », a-t-il déclaré au Guardian vendredi dernier alors qu’il s’apprêtait à quitter définitivement son poste au CCC. Et de regretter la manière dont une certaine presse la présente comme « une technologie imposée à la population d’une façon ou d’une autre ».

 

Bannir le mot qui fait peur pour mieux imposer le net zéro à la population

Et pourtant – c’est ainsi que fonctionne la réalité de la mise en œuvre du net zéro : par l’interdiction de certaines sources d’énergie bon marché et la promotion, pour ne pas dire l’imposition de technologies, comme les pompes à chaleur, qui ne conviennent pas à toutes les constructions, à tous les climats, à tous les environnements.

Stark en veut aussi aux « activistes du climat » qui font croire par leurs manifestations « musclées » que les politiques préconisées sont « radicales », et dont on peut comprendre qu’elles « effraient » les gens ordinaires.

Bref, il faut poursuivre à tout prix le net zéro, mais sans le dire, et ajouter une dose de socialisme pour rendre la chose possible : Stark ne veut-il pas que les « responsables politiques inventent des mesures permettant d’en faire supporter le coût par ceux qui en ont les moyens » afin que les moins fortunés puissent profiter des économies engendrées par la bonne isolation et d’autres moyens permettant de réduire la facture énergétique ?

Il affirme toujours croire que la « transition » permettra d’accéder à une énergie moins onéreuse. En matière de climat, l’incantation est toujours à l’ordre du jour !

 

Jeanne Smits