La marche vers le « net zéro » assurera la dégringolade des économies occidentales

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La course effrénée vers les « émissions zéro nettes » est tout sauf « inclusive », pour détourner un mot à la mode. Elle est réservée, ou plutôt imposée à certains, et ses effets seront, pour eux, néfastes, comme le relève une étude du Centre for Economics and Business Research (CEBR), cabinet de conseil britannique aux services des entreprises privées et des organismes privés. Le « net zéro », assure celle-ci, imposera des charges financières significatives aux nations occidentales au cours des deux prochaines décennies, ce qui aura pour effet d’accélérer le déplacement du pouvoir économique vers le monde « en développement » au détriment des économies avancées.

Ce rapport vient confirmer à sa manière ce que la simple observation des faits enseigne depuis longtemps : c’est en réalité une forme de mort lente de l’Occident qui se dessine au nom de la lutte contre le « réchauffement climatique ». On parle beaucoup aujourd’hui de l’effort « global » contre le changement climatique, mais il n’en est rien : au contraire, l’inégalité devant les mesures prouve à la fois que la prétendue urgence vitale d’agir est un leurre, puisque des pans entiers du monde en sont excusés, et que les coûteuses « transitions énergétiques » auront avant tout des effets politiques et économiques mondiaux allant dans un sens précis et identifiable.

 

Les pays asiatiques devanceront les économies occidentales grâce au « net zéro »

Ainsi le CEBR annonce-t-il que les pays asiatiques à croissance rapide, tels l’Indonésie et le Vietnam continueront d’accroître leur part du PIB mondial jusqu’en 2050, alors que le vieillissement de la population et l’endettement croissant des économies occidentales freinent leur croissance.

Endettement fortement lié au prétendu verdissement de l’économie… Le CEBR avertit que la dette américaine devient « insoutenable » alors que le président Biden dépense des sommes considérables pour des politiques « net zéro » dans le cadre de sa loi sur la réduction de l’inflation de 500 milliards de dollars. Douglas McWilliams, vice-président du CEBR, explique : « Les investissements verts ont un coût. Et il y a le coût de devoir restreindre diverses choses qui, autrement, se produiraient naturellement dans l’économie. » Autrement dit, le « net zéro » place dans la vie économique normale d’une nation des freins artificiels.

Face à ceux qui présentent la « révolution verte » comme une occasion fantastique de créer de l’emploi et d’engendrer des profits – à commencer par le Forum économique mondial – d’autres mises au point sont nécessaires. McWilliams a ainsi prévenu qu’il était peu probable qu’il y ait un boom des emplois verts au Royaume-Uni, cible centrale du rapport. Les bénéfices, de fait, ne profiteront pas à tous : « Au fur et à mesure de la transition, de nouveaux emplois seront créés. Le problème pour le Royaume-Uni, c’est qu’une grande partie de ces nouveaux emplois seront probablement créés dans des pays comme la Chine, qui dominent le marché des véhicules électriques. » « Après l’Australie, nous avons la plus faible proportion de notre PIB provenant de l’industrie manufacturière et l’idée qu’à partir d’une base aussi petite, vous ferez soudainement du Royaume-Uni une puissance manufacturière me semble assez improbable », observe-t-il.

 

Le « net zéro » et le déclin démographique, double suicide occidental

Certes, le déclin démographique qui joue contre les puissances occidentales où la natalité est en berne, frappe également et même plus gravement des nations qui seront les premières à bénéficier du « net zéro » dans un premier temps, la Chine en tête. Celle-ci ne dépassera jamais les Etats-Unis en tant que première économie mondiale de manière durable, selon le CEBR. En revanche, l’Inde est sur les rails pour devancer les USA, et ce devrait être fait en 2080 selon les prévisions de ses analystes. Ils prévoient le dépassement du Japon et de l’Allemagne, actuellement 3e et 4e puissances économiques mondiales, par l’Inde au cours des quinze prochaines années.

Là encore, ce sont les règles du « net zéro » qui joueront contre l’Occident : « L’un des facteurs qui expliquent les changements de position dans le classement cette année est probablement la différence de rythme dans la mise en œuvre des politiques “zéro émission”. L’UE est en tête dans ce domaine. Par contraste, les économies asiatiques devraient évoluer moins rapidement dans la même direction, à un rythme qui fait que les coûts économiques en seront moindres, et des pays comme l’Inde, la Corée, l’Indonésie, le Bangladesh, le Viêt Nam et les Philippines devraient monter en flèche dans le classement. »

 

L’Inde voit avec satisfaction les économies occidentales entravées

L’Union européenne et les autres grands pays développés, des Etats-Unis au Japon, se sont engagés à atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050. La Chine parle de 2060 mais continue tranquillement de construire des centrales à charbon ; l’Inde prévoit elle aussi un recours accru au charbon ainsi qu’au gaz pour ses besoins énergétiques croissants et ne promet le « net zéro » que pour 2070, s’assurant ainsi un avantage considérable au sein de l’économie mondiale. Avantage assumé et même revendiqué : une source gouvernementale citée par Reuters déclarait ainsi en octobre que « les pays riches devraient devenir des émetteurs nets négatifs avant 2050 afin de permettre au monde d’atteindre l’objectif d’une planète nette zéro d’ici là, tout en permettant aux pays en développement d’utiliser les ressources naturelles disponibles pour la croissance ».

Ils auraient tort de se gêner.

 

Anne Dolhein