Alice Heinzen et son mari Jeff font partie des 14 couples mariés qui auront un statut d’observateurs au prochain synode pour la famille. Elle n’a aucune idée de la manière dont ils ont été sélectionnés, mais cette Américaine travaille depuis 17 ans pour le diocèse de La Crosse où elle est aujourd’hui chargée de la promotion des méthodes naturelles de régulation des naissances. A l’heure où l’évêque d’Anvers, Mgr Johan Bonny, a défrayé la chronique en réclamant plus de nuances dans le discours de l’Eglise sur la contraception, l’information ne manque pas d’intérêt.
Pour la revue catholique américaine Crux, c’est le signe que les pères synodaux vont se focaliser sur le « planning familial naturel » (NFP aux Etats-Unis – en français on parle de méthodes naturelles de régulation des naissances), qui n’est pas une forme de « contrôle des naissances ».
« La plupart des gens voient le NFP comme une alternative à la contraception, mais honnêtement il ne s’agit pas de cela. Il s’agit en réalité d’avoir une bonne compréhension de sa propre fertilité et de sa fertilité complémentaire par rapport au sexe opposé », assure Alice Heinzen – rappelant que les méthodes des « rythmes » sont dépassées depuis longtemps. Le NFP espace aussi bien les naissances, s’il est bien utilisé, que les contraceptifs artificiels.
Régulation naturelle des naissances et contraception
Mais ce n’est pas une contraception pour autant. « Ceux qui réservent l’intimité sexuelle aux moments infertiles du cycle ne recourent pas à une pratique contraceptive. Ils ne tentent pas de rendre infertile un acte potentiellement fertile. Ils s’abstiennent par sacrifice pendant les périodes fertiles précisément parce qu’ils respectent la fertilité ; ils ne veulent pas la violer ; ils ne veulent pas traiter le don de la fertilité comme un fardeau », écrivait Mgr James Conley, évêque de Lincoln, Nebraska encore cette année.
Mère Teresa avait tenu à peu près le même discours lors du National Prayer Breakfast à Washington il y a vingt ans : « Dans l’amour, le mari et la femme doivent tourner leur attention l’un vers l’autre ainsi que cela se fait dans le planning familial naturel, et non vers soi comme cela se passe pour la contraception. Une fois cet amour vivant détruit par la contraception, l’avortement suit très facilement. »
L’encyclique Humanae vitae sur la contraception avait donné lieu à une fronde ouverte parmi de nombreux évêques, une fronde qui n’a pas fini de produire ses effets et qui a joué un rôle majeur dans le rejet généralisé de l’enseignement de l’Eglise parmi les couples catholiques qui en majorité dans les pays occidentaux, ignorent la régulation naturelles et ont adopté la contraception chimique ou mécanique.