La télévision suédoise va rediffuser la série des Fifi Brindacier, la petite rousse impertinente aux nattes horizontales et aux aventures extravagantes – mais non sans « expurger » les épisodes filmés en 1969 et comportant, s’il faut en croire les sectateurs de la pensée unique, des éléments « racistes ». Remastérisée et nettoyée de ses épisodes politiquement incorrects, elle sera également disponible en DVD pour Noël.
La petite Fifi, neuf ans, menteuse, insolente et espiègle, traitait par exemple son papa de « roi nègre ». Insupportable ! La magie du mixage a permit de rectifier le tir : elle le qualifiera dorénavant de « roi » tout court. Et tant pis si cela ne veut pas dire exactement la même chose. Le concept du roi nègre doit disparaître de la face de la terre.
Ailleurs, ce sont les coups de ciseau qui ont rendu la série « consommable » par les enfants de 2014. Une scène où elle jouait au « Chinois » a carrément été censurée, pensez – elle bridait ses yeux !
Fifi Brindacier et les Noirs
Que les choses soient claires : désormais, tout usage de cirage noir, d’accents locaux, de stéréotypes ethniques simulés et autres clowneries offensantes devra être sévèrement proscrit, sous peine de scandaliser ces tout petits… C’est en tout cas ce que l’on comprend à écouter Paulette Rosas Hott, porte-parole de la télévision suédoise SVT.
« SVT a coupé les éléments qui pouvaient être considérés comme choquants. Notre public, ce sont les enfants et nous pensons que cela peut être offensant ou méprisant pour les enfants de voir ou d’entendre ça », a-t-elle expliqué.
Mieux, la société Saltkråkan, qui détient les droits d’Astrid Lindgren, l’auteur de Fifi Brindacier (le premier livre de la trilogie a paru en 1945…) assure que la défunte créatrice du personnage en aurait été totalement d’accord : « Elle avait d’autres valeurs que celles d’offenser les gens », a précisé son représentant, Nils Nyman. Si Mme Lindgren se retourne dans sa tombe, de toute façon personne n’en saura rien…
Racisme ou « adultisme » ?
L’accusation de racisme à l’égard des livres de la trilogie n’est pourtant pas nouvelle. Une « théologienne féministe » évangélique allemande, le Dr Eske Wollrad, assurait en 2011 qu’ils abondent en « stéréotypes coloniaux racistes ». Par exemple ? Des enfants noirs s’y jettent à genoux dans le sable devant des enfants blancs (et Fifi se moque de ces derniers, qui rêvent toujours d’aller à l’école, mais ça, ce n’est pas raciste).
Que Fifi s’affirme contre « l’adultisme », moque l’autorité, multiplie les mensonges, alors là, cela ne pose aucun problème. C’est même cela qui rachète le reste, aux yeux des censeurs…