La Manif pour tous a connu ce week-end un nouveau succès, malgré les évaluations fantaisistes de la préfecture de police : deux ans après les militants sont là, solides au poste. Mais la diversité de leurs revendications actuelles incite la droite à tenter de les récupérer et entraîne des ambiguïtés politiques.

 
La permanence de la Manif pour tous, sans soutien financier et malgré l’hostilité du système, est un grand succès populaire, et un immense succès moral, ses buts et ses convictions étant sans rapport direct avec les préoccupations immédiates de la population française que sont par exemple le chômage ou l’immigration. La Manif pour tous, ses organisateurs et ses stratèges ont même atteint un succès politique indirect en provoquant, sur le thème de la GPA, la gestation pour autrui, une réflexion salutaire de la gauche morale, qui a poussé le premier ministre Manuel Valls a modifier verbalement sa position sur le sujet.
 

La Manif pour tous a choisi de ratisser large

 
La Manif pour tous a décidé de ratisser large en conjuguant cette fois trois types de revendications en faveur de la famille. Contre la subversion intellectuelle représentée par la théorie du gender. Contre l’oppression légale, la circulaire Taubira entérinant les GPA faites à l’étranger, l’arrêt de la CEDH, la Cour européenne des droits de l’homme qui condamne la France pour ne pas avoir reconnu la filiation d’un enfant né par GPA aux Etats-Unis, et pour l’abolition universelle de la GPA. Contre le matraquage fiscal, la baisse du quotient familial, la réduction du congé parental et autres coups de canifs à la politique familiale.
 
Mais cela a permis à de nombreux politiciens de l’UMP de se servir en quelque sorte à la carte et de participer pour certains à la Manif pour tous sans que les principes qu’ils prétendent défendre soient toujours clairs. On sait que ni Sarkozy ni Juppé n’ont pris de position ferme sur la question, mais plusieurs de leurs partisans et adversaires ont fait un demi pas en avant.
 

Derrière le succès, les ambiguïtés politiques

 
Laurent Wauquiez et Hervé Mariton prônent l’abrogation de la loi Taubira, Valérie Pécresse, François Fillon et Hervé Guaino sa réécriture avec des verrous contre la GPA et la PMA, Xavier Bertrand propose un referendum des adhérents de l’UMP. Ces ambiguïtés politiques s’étendent d’ailleurs au FN : Marine Le Pen préconise de « couper le cordon » avec la CEDH parce qu’elle s’oppose aux souhaits « du peuple Français », mais n’estime pas que les questions soulevées par la Manif pour tous touchent au « fond du programme du Front national ».
 
Pour lever ces ambiguïtés politiques et morales, pour peser dans les scrutins à venir, la Manif pour tous doit reformuler une liste courte et nette de ses principes infrangibles et n’accorder ses voix qu’aux candidats qui les reprendront dans leur programme. Sans peur de perdre certains de ses soutiens attirés par le flou et les consensus sans principe.