Get on up se veut le biopic de référence (entendez la biographie filmée qui fait autorité) sur le chanteur et musicien afro-américain James Brown (1935-2006), compositeur essentiel du courant musical dit « funk », à son apogée dans les années 1970. Nul doute que les admirateurs du personnage ou de ses recherches musicales seront passionnés. Pour les autres, il présente un intérêt historique certain, le destin d’un Noir très pauvre de la Géorgie rurale des années 1930, soit le comble de la misère, qui s’élève dans l’échelle sociale par son talent et son travail. Le film développe aussi un message politique prêté à James Brown, combinant souci d’avancement des Noirs, assez logique pour un Noir, et respect de la légalité, voire un certain patriotisme avec un départ volontaire pour soutenir par ses chants le moral des troupes américaines au Vietnam. Cette vision s’avère à peu près crédible, même si elle a été contestée du fait de certaines rencontres avec des groupes noirs radicaux, et tend un peu trop vers l’hagiographie.
Par contre, autre objet de polémique aux Etats-Unis, le caractère instable du personnage, à la limite du dangereux, violent avec ses épouses successives, n’est pas occulté. Il n’est cependant pas étalé ad nauseam ce dont le spectateur ne se plaindra pas. Même si l’on ne donne pas dans les facilités de la culture de l’excuse, on peut comprendre qu’un fils de péripatéticienne, abandonné aussi par son père, et élevé par une tante mère-maquerelle risque de ne pas briller par son équilibre psychique à l’âge adulte.
Le grand intérêt de Get on up réside dans cette fresque des Etats-Unis des années 1930 aux années 1970, à travers le monde du spectacle et ses liens avec les réalités sociales, et un accent porté sur les Noirs. Elle reste plutôt dans l’air du temps, mais demeure supportable.
Les acteurs, très peu connus, s’investissent pleinement et s’identifient à leurs personnages. Le réalisateur a imposé un montage chronologiquement éclaté, pour échapper au caractère fatalement scolaire de l’exercice du biopic. Sans rendre, heureusement, son film illisible pour autant, ce n’était pas une bonne idée, une narration fluide demeurant supérieure malgré tout le plus souvent.