En critiquant la politique d’un Hollande au plus bas dans les sondages, Martine Aubry provoque des réactions à droite comme à gauche : une part de la majorité présidentielle est désormais dans l’opposition, et l’opposition soutient implicitement la politique du président : c’est celle du système tout entier.
Martine Aubry ne propose rien que des vieilleries socialistes, mais elle a pris acte après d’autres de la persistance des sondages très bas de François Hollande dans toutes les couches de la population et sur tous les sujets : avec les frondeurs, elle ne propose donc pas une politique alternative réaliste. D’ailleurs, avec Strauss-Kahn, c’est la principale fauteuse des trente-cinq heures. En revanche, par son opposition, elle prépare un espace d’accueil pour la gauche du PS afin que celle-ci ne se perde pas chez Mélenchon, les Verts ou Marine Le Pen.
Aubry travaille pour l’après Hollande et la rupture du PS
Elle travaille pour après la rupture de son parti, que François Bayrou prévoit avec gourmandise, rêvant d’une omelette coupée aux deux bouts où la droite du PS et la gauche de l’UMP se retrouveraient pour suivre un centrisme bien tempéré, partisan du socialisme de marché, qui serait dirigé par lui-même et par Alain Juppé.
Gérard Larcher, le président UMP du Sénat, songe à y prendre sa place : il a estimé que les propos de Martine Aubry « sentaient la naphtaline », assurant ainsi le gouvernement Valls et singulièrement le sémillant Macron du soutien implicite de la majorité de l’opposition. Lui non plus ne préconise pas de politique de rechange à celle d’un ministre de l’économie très européiste et mondialiste. Les uns et les autres se plieront aux ukases de la commission de Bruxelles, dont Macron se dit déjà assuré d’avoir l’appui.
Deux enseignements capitaux sont à tirer de tout ça.
Majorité et opposition regroupée dans un centrisme mondialiste
Un, Hollande, malgré son électogramme plat persistant (les élections sont mauvaises et les sondages, en dépit de son prétendu regain, sont à quinze pour cent), continue à gouverner sans censure : dans notre démocratie post-démocratique, la légitimité du pouvoir ne dépend plus de la souveraineté populaire, mais de l’aval de ses commanditaires. Hollande est une sorte de superpréfet de Bruxelles, Francfort et New York.
Deux, ni Aubry, ni Hollande, ni Larcher, ni personne à l’UMP et au PS, n’entend mener une politique économique significativement différente de celle de Macron, qui est un socialisme de marché à la fois destructeur des fondements de la société française et soumis aux injonctions supranationales. L’UMPS est un fait manifeste. Pire, étant donné ce que sont Mélenchon et les Verts d’une part, de l’autre l’évolution de Marine Le Pen en matière économique et sociétale, on constate qu’il n’y a plus d’offre politique sérieuse en France qui s’oppose efficacement au mondialisme maçon. Hélas.