Horns est un objet étrange, et voulu comme tel. Il relève donc, de façon voulue, du cinéma expérimental. De ce fait même, des critiques de cinéma désinformateurs ont souvent hurlé au chef-d’œuvre, par réflexe. Pas tous toutefois, indice assez clair de médiocrité probable. Ce film n’est absolument pas un chef-d’œuvre, bien au contraire. La narration s’avère assez fluide, compréhensible, c’est sa seule qualité. Le réalisateur entend mélanger deux genres, l’intrigue policière, et le fantastique, pour ne pas dire l’horreur. Or, l’alchimie ne prend pas.
Dans les confins ruraux du Canada et des Etats-Unis, paysage de lacs et de forêts, un homme jeune est fortement soupçonné par toutes ses connaissances du meurtre de sa fiancée, la nuit suivant leur rupture, opérée en public dans un restaurant. Personne ne croit vraiment à son innocence. Le spectateur suit une enquête, est trompé lui-même par de multiples apparences. Cette intrigue, guère originale, est bien menée.
Par contre, le grand guignol ne prend guère. Il pousse brusquement des cornes de bouc au personnage principal, après une nuit de débauche. Elles lui confèrent le pouvoir démoniaque d’inspirer à tous les personnages rencontrés de lui livrer leurs plus mauvaises pensées, et une résistance hors-norme aux coups. Les dites mauvaises pensées touchent tout le village, de la gourmande qui rêve de dévorer un paquet entier de beignets industriels, la plus innocente de tous, à des envies de consommation intensive de drogues, ou de dépravation sexuelle, pour tous les goûts, ou de meurtre. Le prêtre consulté se révèle un homme des plus mauvais. Cette marque d’anticléricalisme facile agace particulièrement.
Horns : un film à éviter à tout prix
S’il y a une « morale », c’est que l’humanité est mauvaise, et de ce fait les pouvoirs démoniaques sont bien pratiques… Le personnage principal, ambigu et plutôt antipathique, en use gratuitement ou pour une distraction facile, en nuisant à autrui, frôlant le fratricide à une occasion. De jeunes acteurs connus, pas sans talent, se perdent dans cette fantaisie de mauvais goût, qui, les choses étant ce qu’elles sont, jouera probablement en leur faveur dans leur carrière.
Ainsi Horns tient donc de l’extravagance cinématographique qu’on peut s’épargner, et à la morale mauvaise qu’il faut éviter à tout prix.