L’ONG Eurodad vient de mettre les pieds dans le plat ! En analysant, dans un rapport intitulé « Going Offshore », les pratiques de dix-sept institutions financières, l’organisation révèle que ces organismes financiers de développement, qui financent des entreprises dans les pays en voie de développement, transfèrent des centaines de millions d’euros vers des paradis fiscaux opaques.
Et il ne s’agit pas de petites institutions, puisque la Société financière internationale, ou l’organe de prêt de la Banque mondiale, sont concernés.
« En gros, les institutions de financement du développement fournissent aux paradis fiscaux un revenu et une certaine légitimité », regrette le rapporteur.
Une dérive très chiffrée des circuits de l’aide au développement
Des chiffres, il y en a en pagaille… Ainsi, par exemple, le rapport note que, à la fin de l’année dernière, deux tiers (soit 118 sur 157) des fonds d’investissement de l’institution de financement du développement britannique, la Commonwealth Development Corporation (CDC), sont passés par les vingt premiers pays dans le classement peu enviable de l’indice d’opacité. Tout le monde connaît, bien sûr, les fameuses îles Cayman ; mais il n’est pas besoin de rêver exotisme pour parler de paradis fiscaux. Car les principaux pays montrés du doigt se situent en Europe…
Bien sûr, les organisateurs de ces opérations se défendent en soulignant que les paradis fiscaux disposent d’un cadre légal et réglementaire stable dans le domaine financier, et que leur utilisation permet en outre d’éviter une double imposition. Mieux, si l’on peut dire : les dits paradis sont parfois la seule solution pour investir dans des régions risquées.
Transit par les paradis fiscaux : de bonnes excuses pour de mauvaises raisons ?
Des arguments de poids, et qui permettent d’éviter soigneusement, au nom éventuellement de l’humanitaire, de se pencher sur les questions d’évasion fiscale. Et, éventuellement, d’argent sale ?
Eurodad demande donc la création d’un organe fiscal intergouvernemental au sein des Nations Unies, afin d’organiser une réforme mondiale des règles fiscales.
Outre qu’il faudra sans doute des mois, voire des années, pour parvenir à une telle réforme, rien ne dit que la constitution d’un nouveau « machin », selon l’expression gaullienne, soit à même de pallier véritablement ce délicat problème financier international…