Paradise Lost, reprend le titre de l’œuvre de Milton, qu’il applique à la végétation luxuriante de la Colombie, hélas gâtée par ce qu’elle abrite. Le film se donne en effet pour une sorte de roman historique filmé autour du plus célèbre des barons de la drogue colombiens, Pablo Escobar (1949-1993). Il entend approcher cette figure exceptionnelle de bandit à travers le personnage fictif d’un jeune Canadien épris d’une belle Colombienne, la nièce d’un personnage local. Paradise Lost est une œuvre réussie dans sa première moitié, complètement manquée dans la seconde. Le candide initial découvre assez vite l’activité principale du notable et philanthrope local. Il comprend même que le trafic de drogue n’est pas simplement une activité un peu spéciale, mais implique le crime à grande échelle. Ce caractère intéresse car par amour, lâcheté, il fait preuve de souplesse morale et accepte son intégration dans la famille d’Escobar. Le baron de la drogue colombien est un assassin cynique, mais qui a su s’assurer une nombreuse clientèle, et des fidélités, dont celle essentielle de sa famille.
Paradise Lost finit en délire sanglant
Face à un criminel de masse, responsable de plusieurs milliers de morts, dont des hommes politiques, juges ou policier intègres, il n’était pas besoin d’en rajouter, d’en faire un Chronos dévorant ses proches, dont le fameux neveu par alliance. Quand celui-ci se rebiffe, le film se gâte. La deuxième partie de Paradise Lost tiendra d’un délire sanglant, absolument pas crédible. Les chances d’un amateur canadien face à des tueurs professionnels colombiens sont nulles, et l’affaire aurait été achevée en cinq minutes…D’où l’absurdité de traîner sur une heure de film un mélodrame involontairement ridicule, ponctué de scènes de crimes atroces. De même si Benicio del Toro livre une excellente interprétation d’Escobar dans la première partie, il sombre aussi dans une caricature ridicule dans la seconde. Il y avait un sujet, bien abordé initialement, puis massacré complètement.