Secret d’Etat illustre encore la règle assez courante selon laquelle les meilleures intentions, surtout très affichées, aboutissent généralement à des échecs cinématographiques. Le film propose de rendre hommage au journalisme d’investigation, un métier méticuleux, exigeant, patient, coûteux pour l’employeur, et à ce titre en voie de disparition, chose regrettable. Le personnage principal, Gary Webb, est un journaliste californien qui a su découvrir, et à peu près démontrer, le scandale du financement de la guérilla des Contras dix ans après les faits. Ces combattants anticommunistes au Nicaragua, au milieu des années 1980, ont été financés par un trafic de drogue, y compris aux Etats-Unis, effectué sous la protection de la CIA.
 

Secret d’Etat : un manichéisme insupportable

 
La première demi-heure intéresse véritablement. Elle décrit le travail de journaliste d’investigation et celui des tribunaux de Californie, avec les procès des trafiquants arrêtés perturbés par des interruptions bizarres de la CIA et les villages et pistes d’aviation perdus d’Amérique Centrale. Ensuite, Secret d’Etat sombre complètement, avec la gloire éphémère et surtout, au bout de quelques jours, l’interminable et pénible lynchage médiatique de Gary Webb. Aussi, sur les trois quarts du film, Secret d’Etat est filmé avec une stupidité navrante, une inintelligence totale des multiples acteurs et des situations, dont les complexités ne sont absolument pas saisies par un manichéisme insupportablement réducteur.