Ce mardi, la Commission européenne a transmis aux ministres des finances des vingt-huit Etats-membres de l’Union européenne la liste des projets éligibles, selon les critères qu’elle a définis, à un financement dans le cadre du plan Juncker, qui pourra de la sorte entrer dans sa phase pratique. Ce sont ainsi quelque 2.000 projets pour lesquels Bruxelles va investir, pour un investissement potentiel d’environ 1.300 milliards d’euros.
Le travail d’identification des projets retenus a été réalisé, ces derniers mois, par un groupe de travail composé de personnels de l’institution communautaire, de la Banque européenne d’investissement, et des Etats-membres. Il avait pour mission de faire « remonter du terrain » des chantiers susceptibles de démarrer rapidement, et revêtant un caractère communautaire ou prioritaire.
La France aligne ses projets
En qui concerne la France, une trentaine (32 exactement) de projets, représentant tout de même un investissement total de plusieurs dizaines de milliards d’euros, sont répertoriés. A savoir : la ligne 15 du métro parisien (liaison ouest-est, passant au sud de Paris), dont le coût est estimé à 5,2 milliards d’euros ; la création de campus digitaux (900 millions d’euros) ; la rénovation de 200 quartiers urbains (environ 5 milliards entre 2015 et 2017) ; le Charles-de-Gaulle Express (qui assurera la liaison gare de l’Est-aéroport de Roissy, 1,6 milliard d’euros) ; et jusqu’au plan de rénovation du réseau ferroviaire (40 milliards d’ici à 2025)… Entre autres. Soit au total, quelque 48 milliards d’investissement sur les trois années à venir.
Pour sa part, l’Allemagne à envoyé une liste, plus importante, de 58 projets, pouvant représenter environ 89 milliards d’euros d’investissements, selon une déclaration du ministère allemand des Finances. Et ainsi de suite dans tous les pays-membres de l’Union européenne…
Investir : un mot oublié
Les vingt-huit Etats se sont donc précipités dans l’espoir de participer à la manne européenne, même si le plan Juncker laisse dubitatifs bien des analystes, qui estiment que la crise européenne a souligné combien l’investissement était aujourd’hui en panne dans nos pays. L’incertitude, qui semble border désormais l’horizon des investisseurs, n’encouragent guère à faire crédit à la Commission européenne d’une capacité nouvelle à investir, et notamment dans le secteur privé. Et, quand bien même la grande idée de Jean-Claude Juncker se verrait suivie d’effets, son plan serait notoirement insuffisant, avec un montant représentant 0,6% du PIB annuel de l’Union, pour donner une impulsion réelle à la croissance.
Comme le reconnaît la Commission européenne elle-même, « nombre de ces projets ne sont pas réalisés par manque de financement, ou à cause de barrières réglementaires ».
Les bons et les mauvais côtés du plan Juncker
Il faut donc laisser du temps au temps, comme disait Cervantes. Mais aussi aux Etats. Car, pour l’heure, si l’Allemagne, l’Espagne et la France, pour ne citer qu’eux, ont apporté leur plein soutien au plan du président de la Commission européenne, surtout lorsqu’il s’agit de faire financer certains projets nationaux, Paris et Berlin font plutôt la sourde oreille quand il est question de contribuer au fonds qui doit permettre de mettre le dit plan en marche.
Ce qui n’empêche pas François Hollande, avec son culot (ou son inconscience ?) habituel, de se féliciter de cette nouvelle avancée. « Si nous sommes aussi efficaces pour la croissance que nous l’avons été pour la stabilité financière, pour l’union bancaire et les réformes structurelles, affirmait-il sans rire il y a quelques jours, je ne doute pas que la croissance sera au rendez-vous. »
C’est sans doute pour avoir trop ri jaune qu’Angela Merkel s’est permis, dimanche, de le rappeler à l’ordre !