Au lieu de se calmer, l’indignation islamique après la publication d’un nouveau numéro de Charlie Hebdo, mercredi dernier, s’amplifie de jour en jour dans divers points du monde. Une gigantesque manifestation à Grozny, capitale de la Tchétchénie, a réuni 800.000 personnes lundi, selon le ministre russe de l’Intérieur, des « dizaines de milliers » selon l’AFP. Visuellement, elle ne semblait pas moins importante que le rassemblement du 11 janvier à Paris où François Hollande, entouré de nombreux chefs d’Etat européens, a donné corps à l’identification de la France, de l’Union européenne et du monde « chrétien » avec les caricatures. D’autres faits, certains d’une grande violence, ont émaillé l’actualité. Qu’on ne nous dise pas que personne ne l’avait prévu.
Parmi les retombées des attentats du 7 janvier, plusieurs étaient ainsi prévisibles : le renforcement de mesures antiterroristes au détriment des libertés individuelles – à l’image du Patriot Act américain – et par le biais de mesures de moins en moins soumises au contrôle judiciaire, est déjà en cours. La création d’un registre commun de passagers aériens (PNR), réclamé depuis longtemps par les Etats-Unis, a reçu l’impulsion qui lui manquait : ce sera fait. Sur le plan européen, le partage des informations du renseignement – étendu à la Turquie et aux pays arabes avec qui l’UE a décidé de programmes spécifiques – laisse entrevoir la création d’un service de renseignement fédéral, réclamée dans la foulée de l’attentat.
“Je suis Charlie” : le slogan provocateur
Mais ce sont le slogan « Je suis Charlie », la teneur de la manifestation parisienne du 11 janvier au service d’une « liberté d’expression » absolue, la parution d’une image du « prophète », discrètement obscène, à la Une de l’hebdomadaire, et surtout le soutien massif, officiel, à sa publication et à sa diffusion à 7 millions d’exemplaires, qui ont provoqué des réactions parfaitement prévisibles dans le monde islamique. Elles n’ont pu surprendre personne : les parutions des premières caricatures de Mahomet au Danemark avaient été suivies d’émeutes meurtrières et d’attaques criminelles contre des symboles du pouvoir occidental. Que cela se reproduise était donc prévisible. La question se pose donc : l’a-t-on prévu ? Et l’ayant prévu, l’a-t-on donc voulu ? Et si on l’a voulu, à quelle fin ?
La revendication du caractère absolu de la liberté d’expression – pour fallacieuse qu’elle soit dans la mesure où certaines opinions sont au contraire sous le coup d’une censure absolue – correspond bien à l’idéologie du pouvoir en place. En défendant le blasphème (ou du moins, ce que le monde islamique perçoit comme un blasphème) sous le masque de la liberté d’expression, la République renoue une nouvelle fois avec ses origines maçonniques, antichrétiennes et la haine de Dieu. Cela peut fournir une explication suffisante à la décision du pouvoir en place d’identifier la France au slogan « Je suis Charlie ».
Imprudence face au monde islamique
Mais les conséquences étant prévisibles et donc délibérément acceptées, il faut bien prendre acte de l’imprudence de cet Occident apostat (apostat à l’égard de la vérité qu’il a reçue et qu’il est chargé de répandre, jusque dans le monde islamique) et constater qu’il ne craint pas d’exposer à de nouvelles persécutions, de nouvelles haines, les chrétiens vivant dans des pays dominés par l’islam. Et aussi les Occidentaux qui s’y rendent, pour des raisons professionnelles ou humanitaires.
Les faits les plus meurtriers ont eu lieu au Niger, où dix personnes ont été tuées et 128 blessées lors des manifestations de masse contre Charlie : selon le président Mahamadou Issoufou, sur les cinq personnes mortes à Niamey, quatre ont été tuées « dans des églises et des bars », tandis qu’à Zinder, au moins une personne a été retrouvée calcinée dans une église. C’est le résultat direct de la provocation lancée par Charlie et renforcée au nom de la France. La provocation, en l’occurrence, ne justifie nullement ces crimes. Mais elle les a suscités. Tout comme elle a suscité les attaques contre des bâtiments bien ciblés : « Des dégâts importants ont été enregistrés : 45 églises, cinq hôtels, 36 débits de boissons, un orphelinat et une école chrétienne ont été pillés avant d’être incendiés », a fait savoir le porte-parole de police du Niger, Adily Toro.
Des manifestations forcément prévues
D’autres manifestations, matériellement plus pacifiques, celles-là, se sont multipliées dans le monde islamique : plusieurs milliers de musulmans se sont rassemblés devant l’ambassade de France à Téhéran, scandant « Mort à la France ! ». A Gaza, on vouait les Français à « l’enfer », tout en menaçant de prendre d’assaut le centre culturel français. L’Afghanistan, le Pakistan ont connu des rassemblements similaires. Des drapeaux français ont été brûlés.
Le Liban, qui connaît dans sa chair la difficulté de faire vivre sur un même territoire communautés chrétiennes et musulmanes, et les risques de toute provocation, a décidé de ne pas importer le numéro de Charlie Hebdo, alors que la francophonie reste importante et que la presse française y est distribuée en nombre. Il ne s’agit pas là d’une « soumission » à l’islam mais d’une vraie prudence.
“Charlie” bien pire contre le Christ
François Hollande n’a pourtant pas hésité à accentuer l’identification de la France à Charlie Hebdo. « La France n’insulte personne lorsqu’elle défend la liberté d’expression », a-t-il déclaré lundi soir à l’occasion du 70e anniversaire de l’Agence France-Presse. « Nous n’insultons personne lorsque nous défendons nos idées », a-t-il poursuivi : « La France ne fait de leçon à aucun pays mais la France n’accepte aucune intolérance », la liberté d’expression est une « valeur universelle ». En réalité, le président de la République confirme ici la volonté française d’affirmer le droit de saccager les sentiments religieux de quiconque. La lecture du dernier numéro de Charlie est à cet égard révélateur. Les dessins véritablement blasphématoires y sont autrement plus abominables que le brocardage des terroristes musulmans : ils visent le Christ en Croix, et l’Eucharistie. Voilà au moins un message clair.
Le monde islamique s’enflamme
Quoi qu’il en soit des protestations selon lesquelles l’islam est une religion de paix et de tolérance, la multiplication de réactions plus ou moins violentes dans ce monde islamique qui s’enflamme apporte une contre-preuve immédiate par leur nombre et leur « radicalité ». Si des centaines de milliers de musulmans réagissent ainsi à travers le monde, c’est qu’en effet ils se sentent personnellement outragés. Et qu’ils sont prêts à passer à l’acte, au moins en hurlant « A mort ! »
Et ainsi l’image donnée par l’islam à longueur de journaux télévisés convainc l’« opinion » de ce que la religion islamique produit tout naturellement des « fous d’Allah » dans le même temps que les braves gens sont invités à professer qu’elle est en réalité une religion de « paix et de tolérance ». C’est aussi un moyen d’obtenir une modification interne de l’islam afin de le rendre soluble dans le monde du relativisme imposé. Et c’est peut-être bien le but recherché de cette double action sur l’opinion, où faits et mots renvoient à deux choses opposées, où le discours contredit manifestement la vérité.
Où toute volonté d’amener les musulmans au Christ est en elle-même considérée comme une violation de la liberté d’expression parce que l’islam vaut bien le christianisme…