L’Organisation internationale du travail vient de publier son rapport sur « les perspectives pour l’emploi et le social dans le monde » pour 2015 : un tableau guère enthousiasmant, puisque le chômage devrait encore progresser, et toucher plus fortement les pays émergents. Et ce chiffre-massue : 204 millions de chômeurs dans le monde.
 
Au point de départ, il y a toujours la crise financière de 2008. A quelques trop rares exceptions, note l’OIT, la plupart des pays, la plupart des gouvernements n’ont pas su y trouver la parade, et ne font donc toujours pas face.
 

Le monde fait face aux centaines de millions de chômeurs

 
Il ne semble pas d’ailleurs que ce soit pour tout de suite. Selon les analystes de l’OIT, notre bonne vieille terre devrait compter plus de 212 millions de chômeurs à l’horizon 2019. Si l’on considère que « plus de 61 millions d’emplois ont été perdus depuis le début de la crise mondiale, en 2008 », on mesure l’ampleur des dégâts. En dix ans, le fossé s’évaluerait donc à près de 70 millions. Un peu comme si, d’un coup, la France ne comptait plus que des chômeurs. Un peu plus que la France d’ailleurs, puisque, selon l’INSEE, nous étions un peu plus de 65 millions au 1er janvier – très précisément 65.241.241.
 
L’emploi souffre en premier lieu de cette situation. A côté du chiffre mirobolant de 204 millions de chômeurs à la surface du globe, l’OIT observe que, partout dans le monde, l’emploi s’est précarisé. Ainsi, 45% des emplois sont-ils désormais considérés comme vulnérables. D’autant que, dans le même temps, le recours au temps partiel s’est généralisé, et les emplois informels se sont multipliés.
 
Même dans les pays dits avancés, il y a une chute de niveaux, si l’on peut s’exprimer ainsi, les travailleurs qualifiés se trouvant obligés de rechercher des postes de qualification moindre ; ce qui évidemment prive de ces postes les travailleurs non-qualifiés. Et tout particulièrement les jeunes : en France, un chômeur sur quatre a moins de 25 ans…
 

Comment résorber 204 millions de chômeurs

 
L’OIT n’entend pas désespérer cet immense Billancourt qu’est la planète… « Il n’y a pas de fatalité », affirme ainsi Raymond Torres, directeur du département de la recherche à l’OIT. « On voit qu’en Europe, la priorité, ça a été la réduction des déficits, et ça s’est fait au détriment de l’emploi. » Il faut donc agir en quelque sorte à rebours, afin notamment de « préserver tous les dispositifs qui aident à l’insertion ou à la qualification des chômeurs ».
 
Mais il est nécessaire également de revoir la politique du revenu, observe-t-il, afin que « le revenu du travail se raccroche à nouveau à de la productivité, et ne soit pas en décalage ».
 
« Si tous les pays vont dans ce sens-là, nous considérons que ça sera un pas très important pour revenir petit à petit vers le plein emploi. »
 
Le plein emploi ? Cet homme est manifestement un optimiste…