Plus connu sous le nom de la station de ski suisse qui l’abrite, Davos, le 45e Forum économique mondial s’est ouvert ce matin. Ses 2.841 participants – dont François Hollande, qui interviendra vendredi – vont tenter d’y décrypter « le nouveau contexte mondial », dans le but avoué de refaire le monde. Un vieux serpent de mer qui n’en finit plus de refaire surface…
En prétendant se pencher sur le « nouveau contexte mondial » pour cette édition 2015, Klaus Schwab, le fondateur du Forum, pensait à l’insécurité mondiale – un thème que les tueries parisiennes d’il y a quinze jours auront contribué à rendre saillant. « Deux chemins s’ouvrent à nous, celui de la désintégration, de la haine et du fondamentalisme et celui de la solidarité », affirme-t-il. Le discours n’a manifestement rien d’innovant…
Au delà de la question physique, l’insécurité a plusieurs niveaux ; elle est économique, avec les conséquences de la crise financière qui n’en finit plus, sept ans plus tard, de plomber notre vie quotidienne. Et de rendre aussi la croissance mondiale atone, puisque, d’un taux de 5% à la veille de la crise, elle peine à dépasser désormais les 3%. Elle est également éminemment politique – ou géopolitique, comme on croit plus sûr et plus sérieux de dire désormais. Car, de fait, les politiques ont montré, que ce soit à l’échelle des nations, ou au niveau international – de l’Union européenne, par exemple – leur incapacité non seulement à la résoudre, mais à y répondre un tant soit peu.
Davos en « pleine conscience »
Serait-ce pour les y aider ? A l’ouverture, ce mercredi matin, à 8 heures, était proposée une séance de méditation « pleine conscience» ! Il est tout de même assez extraordinaire que tous ces gens, dont beaucoup se croient trop adultes pour être religieux, se laissent emporter par une vague spiritualiste confuse, prémisse de la spiritualité globale – mais la séance a dû tout à fait convenir au moine bouddhiste tibétain français Matthieu Ricard.
Ensuite, les sujets s’enchaînaient : de la volatilité financière à la robotique extrême, en passant par le paysage numérique, etc. Les chefs d’Etat ou de gouvernement commençaient à intervenir cet après-midi, avec, au programme, Matteo Renzi, président du Conseil italien, Petro Porochenko, président de l’Ukraine, Ahmet Davutoglu, premier ministre turc, et Li Keqiang, premier ministre chinois.
On notera cependant certaines absences « visibles ». Celle notamment de Vladimir Poutine, qui a refusé de répondre à l’invitation. Celles aussi du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. Il est vrai que ce dernier doit rendre demain des décisions attendues. Et pallier, au passage, le dernier « couac » de François Hollande qui a cru pouvoir annoncer, lundi, lors de ses vœux au monde de l’entreprise, que l’institution avait décidé de racheter des dettes souveraines. Un nouveau faux pas de François Hollande dont, semble-t-il, Mario Draghi n’est pas encore remis…
« Refaire le monde »
Avec ou sans méditation « pleine conscience », toutes ces huiles réussiront-elles à « refaire le monde » ? L’utopie est ancienne, et court les âges. D’aucuns qui le pensent aujourd’hui à Davos l’affirmaient déjà en Mai 68, bien que de manière différente. Mais toujours aussi chimérique, quelle que soit leur incommensurable puissance et les bouleversements qu’ils imposent au monde. Tant il est vrai qu’il n’en est qu’un qui puisse affirmer : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »