La Cour internationale de justice a estimé mardi que ni la Croatie ni la Serbie n’avaient commis de génocide envers la population de l’autre camp durant les conflits déclenchés par la partition de la Yougoslavie dans le courant des années 1990. Elle ne tranche donc en faveur d’aucun des deux pays rivaux.
De très nombreux crimes ont été commis par les deux pays durant ce conflit, a observé Peter Tomka, président de la Cour de La Haye, mais l’intention de commettre un génocide, en « anéantissant une population dans son ensemble ou en partie », n’a pas été prouvée. « Des actes de nettoyage ethnique peuvent participer d’un projet de génocide, mais seulement s’il y a intention d’anéantir physiquement la communauté visée », a-t-il précisé.
Pas de génocide, tranche la Cour internationale de justice
Point final donc à la partie judiciaire de ce conflit, et les deux pays ont dit espérer que cet arrêt marquerait un tournant dans leurs relations, demeurées très tendues depuis lors. « Cela permet de tourner une page du passé, et j’ai la conviction que nous allons écrire désormais une nouvelle page, meilleure, moins sombre », a déclaré le ministre serbe de la Justice, Nikola Selakovic.
A quoi le ministre croate des Affaires étrangères, Vesna Pusic, a répondu espérer que ce jugement contribuerait à « clore ce chapitre de l’histoire et à aller vers une période meilleure et plus sûre pour les habitants de cette région d’Europe ».
Serbie et Croatie renvoyées dos à dos
Dans cette affaire, les juges ont rejeté les accusations de Zagreb contre la Serbie par quinze voix contre deux. Les accusations de la Serbie contre la Croatie ont été rejetées à l’unanimité. On peut donc considérer, comme le font un certain nombre d’éditorialistes, que les deux parties ont gagné. Ou perdu…
Car, en réalité, c’est la Cour de La Haye qui gagne – ici, il n’y a pas génocide ; en Bosnie, il y avait. En traitant deux Etats souverains comme un pion renvoie dos à dos deux gamins dans une cour de récréation, ce sont les juges qui décident de la prise de position de la « communauté internationale ». Ce sont eux qui décident de la politique à mener, ici et ailleurs. Partout ! Et qui écrivent l’histoire…
Jusqu’au jour où celle-ci décidera de se rebeller.