Barack Obama met sur un pied d’égalité les abus passés du christianisme et la barbarie de l’Etat islamique

Barack-Obama-egalite-christianisme-barbarie-Etat-islamique-abus-islam
 
C’est devant une assemblée de croyants – surtout chrétiens – rassemblés lors du « ;National Prayer Breakfast » qui chaque année donne au président des Etats-Unis l’occasion de se pencher sur un thème religieux, que Barack Obama a entrepris une analyse de la barbarie de l’Etat islamique. Il a participé à sa façon au jeu obligatoire du « Pas d’amalgame » : oui, les décapitations, les crucifixions et autres réductions en esclavages sont horribles, mais « au temps des croisades et de l’Inquisition, on a commis des actes terribles au nom du Christ », a proclamé le Président. Voici le christianisme et l’islam sur un pied d’égalité… c’était le but.
 
Ce discours-là, on commence à le connaître. L’Etat islamique – « un culte de la mort vicieux et brutal », pour reprendre les mots d’Obama, n’est qu’un travestissement de l’islam, une trahison de l’islam. L’islam est donc une religion acceptable au même titre que le christianisme a été tout autant trahi. Trahis l’un et l’autre par ceux qui croyaient « posséder la vérité », comme l’expliquera, entre prêche et exposé pédagogique, le discours d’Obama.
 

Les religions, cause de tous les abus ?

 
Son discours ne se comprend vraiment qu’à la lumière de ce qu’ont répété au fil de ces dernières décennies des organes comme l’ONU ou l’UNESCO : les religions traditionnelles, à travers leur interprétation traditionnelles, sont une menace pour la paix mondiale, et les certitudes de leurs fidèles sont à l’origine des guerres qui ensanglantent l’humanité. Ce discours-là est celui de tous les Etats fondamentalement laïques, de tous les responsables de l’éducation des pays qui vénèrent la « liberté », l’« égalité » et la « fraternité », trilogie messianique et maçonnique : il faut combattre l’influence des cultures traditionnelles et le poids des traditions familiales pour enfin parvenir à un « vivre-ensemble » serein. Et pour cela, relativiser jusqu’à la vérité.
 
Barack Obama a surpris et horrifié de nombreux Américains croyants en s’en prenant au christianisme des siècles passés, alors qu’ici et maintenant les chrétiens sont persécutés dans tant de pays d’Islam. Son exposé des horreurs actuelles est d’ailleurs caractéristique : il a parlé de l’Etat islamique qui « terrorise les minorités yazidies », du « meurtre de musulmans et de chrétiens au Nigeria », de la montée de l’antisémitisme en Europe… Et non des chrétiens martyrisés en haine de la foi.
 

Les abus du christianisme : « les croisades », « l’Inquisition »

 
« L’humanité a été aux prises avec ces questions tout au long de l’histoire de l’humanité. Et de peur que nous ne montions sur nos grands chevaux et que nous ne pensions que cela appartient en propre à un lieu qui nous est étranger, rappelez-vous que pendant les Croisades et l’Inquisition, on a commis des actes terribles au nom du Christ. Dans notre propre pays, l’esclavage comme Jim Crow [nom donné aux lois de ségrégation raciale aux Etats-Unis] ont été trop souvent justifiés au nom de Jésus-Christ », a expliqué Obama, plaidant pour que cessent ces « péchés ».
 
Il y a une profonde injustice dans ces propos, et un but mal caché. Le but ? Il est de persuader les Américains croyants – très majoritairement chrétiens – que leur religion n’est pas meilleure qu’une autre. Que c’est au nom de n’importe quel Dieu que des atrocités sont commises. Qui sont-ils donc pour juger ?
 
L’accusation est en réalité trop facile, trop simpliste. Elle joue sur la réalité de la nature déchue de l’homme : oui – hélas – tout homme a un penchant au mal, et s’il fallait juger le christianisme sur chacune des actions de tous les baptisés, il n’en resterait pas grand chose. Mais la religion du Christ n’est pas cela : c’est la religion de la Rédemption, qui lave les fautes… sans les blanchir. Sans les qualifier de bien. Et qui admet que l’on mène des guerres justes : les Croisades étaient la réponse de l’Occident à l’occupation de la Terre Sainte, à la persécution de la foi, à une menace pour la liberté des terres chrétiennes. Tout n’était pas parfait ? Evidemment. Mais du moins l’Evangile ne justifie-t-il jamais ces injustices et ces abus.
 

Barack Obama attribue la barbarie de l’Etat islamique à tout sauf à l’islam

 
A suivre le raisonnement d’Obama, il faudrait dénoncer les guerres menées par les Etats-Unis au Proche-Orient comme un travestissement du culte « sectaire » rendu à la démocratie. Il s’est payé de mots.
 
Des mots injustes, disions-nous. Car en focalisant sur des « crimes » d’il y a cinq cents ou mille ans, le prêche d’Obama a détourné l’attention des constantes de l’histoire islamique : la prise du pouvoir par la conquête, les conversions obtenues sous la pression ou la contrainte, les persécutions récurrentes des chrétiens en terre d’Islam. Au moment de commémorer le génocide des Arméniens, la cécité volontaire du président des Etats-Unis a quelque chose d’encore plus blessant.
 
L’injustice consiste notamment à taire les consignes intrinsèquement violentes de l’islam qui est un totalitarisme théocratique, aux antipodes de la religion chrétienne qui distingue le temporel du spirituel et qui ordonne d’aimer chacun en lui voulant du bien – et même les ennemis. Elle consiste aussi à « oublier » que l’athéisme a tué bien plus, et de manière bien plus barbare encore, des millions d’hommes au cours du XXe siècle.
 

Islam et christianisme sur un pied d’égalité

 
Mais voilà Obama investi d’une mission qu’il veut partager avec les Américains : « Nous sommes appelés à repousser ceux qui voudraient dénaturer notre religion pour promouvoir leurs objectifs nihilistes. » Il s’agit de la « religion » au sens général. Cela justifie une méfiance semblable, une mobilisation possible envers tous ceux qui croient « posséder » la vérité.
 
Il est vrai que le catholique se sait dans la Vérité bien plus qu’il n’affirme la posséder. Barack Obama n’est pas sur cette ligne-là : ce qu’il promeut, expressément, c’est que toutes les religions ont leur part de vérité et qu’elles sont à la fois toutes respectables et toutes capables d’être utilisées au fin de la barbarie.
 
Il faudrait être aveugle pour ne pas y voir un parti pris antichrétien.