Relaxe requise pour DSK : mais il n’est pas président de la République pour autant

DSK relaxe requise president de la Republique
 
Tout ça pour ça ? Dominique Strauss-Kahn a eu une petite avalanche de bonnes nouvelles cette semaine, avec, en apéritif, lundi, le désistement des prostituées de leurs demandes de dommages-intérêts à l’encontre de celui qui s’est défendu pied-à-pied d’avoir su qu’elles étaient rémunérées pour les « services sexuels » qu’elles lui ont procurés. Ce qui devait arriver dans de telles circonstances arriva : mardi le procureur de la République de Lille, Frédéric Fèvre, a requis « la relaxe pure et simple » de DSK. Rien ne permet de prouver qu’il savait avoir affaire à des prostituées lors de ses parties fines du Carlton.
 
« Ni l’information judiciaire, ni l’audience » n’ont donné corps à l’accusation de « proxénétisme aggravé » qui pesait sur l’ancien candidat à la candidature à la présidence de la République : sans la présence du champion socialiste, l’affaire « aurait été jugée il y a bien longtemps dans l’indifférence générale », assure le procureur.
 

Le procureur constate le vide du dossier : DSK a déjà gagné

 
Irrité de voir l’accusation publique s’écrouler malgré deux années d’instruction ? Le propos de Frédéric Fèvre est frappé au coin du bon sens, mais un peu rapide tout de même : ce que l’on attend de la part de gens du milieu (comme Dodo la Saumure, que le procureur verrait bien écoper d’une peine de deux ans avec sursis) fait plus désordre de la part de personnalités politiques connues. Comment ne pas en faire une cause célèbre ?
 
Strauss-Kahn était en disgrâce depuis l’affaire Nafissatou Diallo, il devait rester en disgrâce et d’aucuns ont accepté de faire feu de tout bois pour non seulement le faire tomber, mais pour maintenir l’un des principaux représentants de la finance internationale la tête sous l’eau. Qui et pourquoi ? La question demeure posée, laissant deviner l’existence de la lutte d’un système contre un système où il suffit de peu de choses pour détruire une ambition présidentielle.
 
Que de nombreux Français jugent encore aujourd’hui que DSK ferait un meilleur président que François Hollande est simplement le signe que la France donne le sentiment de toucher le fond ; dans de telles circonstances, n’importe quelle paille peut faire l’affaire. De même qu’une accusation mal ficelée peut aussi servir à la faire emporter par le vent…
 

DSK ne devait pas être président de la République

 
Reste la question morale. Personne ne conteste les orgies sexuelles organisées autour de DSK – avec des jeunes femmes consentantes et ravies, acceptons l’hypothèse. Ces faits-là, a souligné le procureur, ne relèvent pas du code pénal, seulement de l’« ordre moral » qui est du domaine privé : de fait, rien ne les interdit et entre « adultes consentants », tout est supposé admissible dans cette « pratique d’un groupe d’amis »… qui ne se connaissaient même pas.
 
La France, qui se revendique de sa tradition de grivoiserie et de libertinage, ne doit-elle vraiment y voir que du feu ? Il y a une « morale » maçonnique à laquelle on ne contrevient pas, et elle saura toujours punir à sa façon indirecte en profitant des faiblesses des uns et des autres.