L’imam d’Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses institutions de l’islam sunnite, considérée comme « modérée », a appelé dimanche les pays musulmans à réformer l’éducation scolaire pour lutter contre le terrorisme islamique qui met en danger l’unité du monde musulman, l’accusant de faire le jeu « d’un nouveau colonialisme mondial, allié du sionisme » (sic).
« L’extrémisme religieux est, entre autres, le résultat d’un cumul historique de tendances excessives inhérentes à notre patrimoine, nées d’une mauvaise interprétation du Coran et de la Sunna [paroles et actes de Mahomet] » a expliqué le cheikh Ahmed al-Tayeb lors du séminaire organisé à La Mecque, en Arabie Saoudite, sur « l’islam et la lutte antiterroriste ».
Réformer l’islam par l’éducation pour préserver l’unité du monde musulman
Il a donc appelé à une réforme de l’islam par « l’éducation ». Impossible pour le monde musulman de retrouver son unité, selon lui, sans cette réforme, ou, comme il le dit : « Tant que nous n’aurons pas maîtrisé, dans nos écoles et universités, cette tendance à accuser de mécréance des musulmans. » Tout en reconnaissant l’appartenance musulmane des islamistes, l’imam d’Al-Azhar a insisté pour qu’on lutte contre « les pratiques sauvages et barbares » de ces groupes, faisant notamment référence à l’Etat islamique.
Le fléau de l’islamisme
L’imam a également lu une lettre du roi Salmane d’Arabie Saoudite dans laquelle ce dernier encourage la mise en place d’une « stratégie efficace » qui engage les musulmans « à combattre le terrorisme, fléau qui est le produit de l’idéologie extrémiste ». Le roi a également affirmé devant les dignitaires religieux musulmans réunis que cette idéologie constituait « une menace pour (leur) nation islamique et pour le monde entier ».
Il y a un mois, l’imam d’Al-Azhar appelait à la crucifixion des combattants de l’Etat Islamique
Des condamnations fermes contre l’islamisme qui surprennent de la part du roi d’Arabie Saoudite, pays dans lequel l’apostasie et la conversion au christianisme sont pourtant encore punies de mort… Pourquoi envisager dès lors la restructuration intérieure de l’islam, par le moyen le plus efficace qui soit, à savoir l’éducation ? Il faut bien comprendre que l’inquiétude de l’imam et du roi ne vise pas le sort des minorités, mais l’unité du monde musulman.
Mais pas d’unité de l’islam en dehors de celle décrétée par l’imam d’Al-Azhar, quitte à prendre les gros moyens qu’il semble récuser. C’est lui qui déclarait au début du mois de février que le Coran préconisait de « tuer, crucifier et couper les membres » des combattants de l’Etat Islamique.
La restructuration de l’islam ne se fera pas sans contradictions à l’égard du Coran.