Lorsque les gens se sentent malades ou se posent des questions sur leur santé, leur première réaction est souvent d’aller faire une recherche sur internet et ses multiples forums de discussions pour analyser les symptômes ou connaître les remèdes miracles. Selon un sondage réalisé par l’institut américain Pew, 72% des utilisateurs d’internet américain font régulièrement des recherches sur ces sites d’informations « santé » en ligne.
Transmission des données de recherche aux assureurs
On le sait moins : un nombre considérable de pages visitées pour tenter de trouver une réponse à des problèmes de santé personnels ne sont pas aussi confidentielles qu’on l’imagine. Elles sont conçues pour transmettre les requêtes, envoyer les données sensibles à des sociétés tierces, voire transmettre ces informations directement aux courtiers qui gèrent nos crédits…
Certains en tirent donc un bénéfice énorme, tout en prétendant améliorer l’utilisation d’internet pour le public.
91% des pages santé visitées sur internet transmettent les données à l’extérieur
En avril 2014, Tim Libert, chercheur à l’Université de Pennsylvanie, a réalisé un logiciel capable d’analyser les 50 premiers résultats de recherche pour presque 2.000 maladies courantes (soit 80.000 pages au total). Le résultat est ahurissant : 91% des pages visitées transmettent les données de recherche à des sociétés extérieures. Il suffit de chercher « bouton de fièvre » sur internet, cliquer sur le meilleur résultat et les informations sont transmises à une (ou plusieurs) entreprises.
Dans 70% des cas, les données transmises contiennent « des informations exposant des conditions spécifiques, des traitements et des maladies », ce qui « constitue potentiellement une atteinte à la vie privée » des utilisateurs selon Tim Libert.
Ce dernier a par ailleurs découvert que la majorité des sites concernant des questions de santé et gérés par les agences gouvernementales (les premiers résultats sur internet) sont équipés pour dépister les éléments intéressants sur l’état de santé de l’internaute, qu’ils transmettent ensuite à des géants comme Google, Facebook ou Pinterest. Il est alors facile pour ces entreprises qui collectent par ailleurs toutes sortes de données d’identifier l’utilisateur et ses maladies.
Des informations confidentielles transmises aux annonceurs ou aux collecteurs de données
Les entreprises à but lucratif ne sont pas les seules à être intéressées par ces informations qui les aident à cibler leur publicité. Elles sont également transmises à des organisations réputées de confiance : le gouvernement, les associations à but non lucratif ou les universités parmi lesquels, par exemple, le Centre pour le Contrôle et la Prévention des Maladies (CDC).
La transmission de données n’est pas nécessairement voulue par les propriétaires des sites : dans la majeure partie des cas c’est même le contraire. Mais le plus souvent, il suffit qu’ils aient fait appel à un logiciel gratuit pour gérer leurs sites pour que la confidentialité soit rompue. Et les informations confidentielles sont bien transmises à qui veut les récupérer.
Le fait est qu’à l’heure où les sites internet font des enquêtes de confidentialité poussées, des millions de gens dévoilent leur profil sanitaire aux annonceurs et aux collecteurs de données.
Voilà qui devrait faire réfléchir avant d’utiliser ces sites aux apparences anodines : Big Brother est partout.