Dans cette espèce de tension, d’attirance répulsion qu’Athènes joue avec Bruxelles, la menace d’une sortie de la Grèce de la zone euro, voire de l’Union européenne, apparaît régulièrement comme un argument majeur, manié par le gouvernement grec pour rétablir l’équilibre délicat entre ses promesses aux électeurs grecs et les exigences de ses créanciers internationaux.
Ce samedi, c’est le patron des Grecs indépendants et ministre de la Défense, Panos Kammenos, qui a fait usage du Grexit, en l’agrémentant d’un « effet domino » susceptible de se propager à d’autres pays.
« Si la Grèce explose, alors l’Espagne et l’Italie seront les prochains. Et, à terme, l’Allemagne. C’est pourquoi nous devons trouver une solution à l’intérieur de la zone euro. »
La menace d’Athènes
La menace est d’autant plus explicite, qu’elle s’exprime dans les colonnes du quotidien allemand Bild, alors que l’Allemagne est spécialement encline à exiger une sortie d’Athènes de la zone euro si les Grecs s’avèrent incapables de suivre le mouvement européen.
Quant à la solution évoquée, elle est, une fois de plus, incertaine, imprécise, mais très éloignée de ce qu’attendent les créanciers internationaux. « (…) cette solution ne doit pas se résumer à ce que les Grecs soient toujours obligés de payer, affirme Panos Kammenos. Les gens n’ont rien reçu des plans d’aide, tout est allé exclusivement aux banques. »
Or, affirme-t-il, Athènes n’a pas besoin d’un troisième plan d’aide, mais d’un « effacement de la dette », à l’image de celle obtenue par l’Allemagne en 1953 lors de la conférence de Londres, alors que le pays était sorti ruiné de la Deuxième Guerre mondiale.
Et puisqu’il aborde cette période, le ministre en profite pour reposer la question des réparations pour les dommages perpétrés par les nazis en Grèce, puisque « tous les autres pays européens ont été dédommagés », à l’exception du sien.
Les Grecs manient le Grexit comme une grenade dégoupillée
Après les aspects économique et historique, le ministre aborde le troisième étage de sa fusée avec l’aspect politique, qui interviendrait en cas de réalisation du Grexit. « Plus aucun accord ne serait valide, plus aucun traité, rien. Nous ne serions plus contraints d’accepter les réfugiés en tant que pays d’entrée. Quiconque souhaite nous pousser hors de la zone euro devrait avoir conscience de cela », fulmine-t-il.
Panos Kammenos peut parler avec assurance, Bruxelles a bien reçu le message. En accueillant vendredi le premier ministre grec Alexis Tsipras, le président de la Commission européenne a en effet déclaré : « J’exclus totalement un échec ; je ne veux pas d’un échec. J’aimerais que les Européens avancent ensemble. Ce n’est pas le moment de se diviser, c’est le moment de se rapprocher. »
Et Pierre Moscovici, le Commissaire européen aux Affaires économiques, a été plus explicite encore : « Si un pays quitte cette union, les marchés vont immédiatement se demander qui sera le prochain, et ce pourrait être le début de la fin. »
A bon entendeur !, répond aujourd’hui Athènes en écho…