Birdman – l’homme-oiseau – titre construit de manière délibérée sur Batman, l’homme-chauve-souris, a été encensé par les critiques les plus officiels des deux côtés de l’Atlantique. Il vient de triompher aux Oscars, emportant les statuettes dans les catégories meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure photographie. Sans que le film soit dépourvu de tout intérêt, tout cela s’avère quand même très excessif. L’action entend s’intéresser à la vie, très animée, des coulisses d’un théâtre de New York, avec les difficiles répétitions et les premières de la troupe péniblement dirigée par M. Birdman, surnom conservé d’une ancienne prestation dans un film de super-héros.
Birdman : un grand gaspillage
Une demi-douzaine de grands acteurs joue remarquablement bien, réussit à transmettre parfois des émotions. Birdman comporte aussi quelques belles scènes oniriques. Par contre l’essentiel du spectacle s’avère peu intéressant, et peu flatteur pour les artistes, vus comme des colériques instables, violents ou suicidaires, plus ou moins obsédés sexuels, et sans retenue dans l’expression. Quant à la pièce, il s’agit d’un vaudeville intellectuel, contradiction dans les termes, et paradoxe sur lequel il n’y a pas à s’extasier. Au final, il reste l’impression d’un gaspillage, d’un potentiel de grand film malheureusement manqué.
Olivier Thibault