« Nous n’avons pas d’autre roi que César ! » C’est avec ces mots que les princes des prêtres, reniant le Messie au prétoire, rejettent sa souveraineté sur toute chose et réclament sa crucifixion. Allégeance à Rome : le mensonge de ces grands prêtres et de cette foule qui pourtant attendaient un roi pour leur peuple et vise à circonvenir Pilate, pour obtenir de lui ce qu’il ne voulait pas donner : la mise à mort d’un innocent.
« Nous n’avons pas d’autre roi que César ! » Ces mots résonnent étrangement dans notre siècle, né de la Révolution, qui met la source de toute souveraineté dans la Nation et refuse toute loi morale qui transcende la loi civile. Telle est la pierre d’angle de la démocratie totalitaire. Tel est le désordre fondamental qui nous accable. Telle est la voie qui conduit immanquablement au malheur.
Ce désordre fondamental est, en dernière analyse, refus du Christ, refus de Dieu, refus de sa Loi. Il n’est pas une proclamation d’autonomie absolue et individuelle de chaque homme : elle n’existe nulle part. Il est soumission à l’erreur, il est révolte de l’humanité qui préfère se mettre sous l’empire d’êtres finis et d’erreurs changeantes, plutôt que de servir et aimer le Verbe fait chair, qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Il est l’écho de l’antique Non serviam.
Aux pieds de Jésus crucifié, mourant sur la croix, les moqueries visent sa Divinité et sa Royauté. Celui que l’univers ne peut contenir est raillé pour ce qu’Il est, exactement pour ce qu’Il est. Pilate, qui s’interrogeait sur la vérité, finit par la dire et l’imposer : « Rex Iudaeorum »… Celui qui meurt, lacéré à cause de nos péchés, est mis à mort comme roi.
Mais sa Mort n’est pas une fin. Elle est une victoire – une victoire de Roi bienfaisant, de Roi qui aime son peuple, une victoire qui ouvre les portes du ciel.
Victoire, encore, d’un Roi qui pardonne – « Ils ne savent pas ce qu’ils font » – et d’un Roi qui nous donne sa propre Mère, à nous qui avons causé ses souffrances. Un Roi qui, miséricordieusement, ne nous laisse pas seuls avec sa Crucifixion pour seul souvenir.
Pâques le dimanche de la Résurrection
La glorieuse Résurrection du Christ est indissociable de sa Passion ; elle est juste et digne de Lui, maître de toute vie, vainqueur de la mort. Elle est le gage de la fidélité et de la force des apôtres, la certitude transmise d’âge en âge que notre foi n’est pas vaine, la consolation de ceux qui sont, encore aujourd’hui et même, par endroits, plus que jamais, persécutés en son saint Nom.
Le Christ est ressuscité !
Le Christ ressuscité a vaincu la mort et le péché, mais aussi le mensonge. Le chemin qu’Il trace devant nous, est le seul qui mène à la vie. En ressuscitant, est en devenant un de nouveau avec cette chair que son Âme avait abandonnée au moment de sa mort, Il nous dit que sa création est belle, qu’Il en est le Roi incontestable, et que nous sommes tous appelés à entrer avec Lui et en Lui dans son royaume – qui n’est pas d’ici-bas – sous l’empire de sa bienfaisante loi.
Devant cette gloire et cette puissance, les tentatives de l’humanité de faire comme si cette loi n’existait pas sont bien dérisoires – et se punissent d’elles-mêmes, dans le sang et dans les larmes. Si nous ne cherchons pas le royaume de Dieu, le reste ne nous est pas donné de surcroît…
« Nous avons vu le Seigneur »
En ce dimanche de Pâques, comme à chacun de nos actes, il nous est demandé de choisir. Le Christ ressuscité ne nous abandonne pas. Il nous donne de vaincre avec Lui, quelles que soient les tyrannies qui tentent de se substituer à son empire. Il nous dit de placer notre espérance dans les choses d’en haut.