Il faut « briser les tabous » pour faire reculer le chômage. Tel est le sens d’une déclaration faite mardi par le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, au lendemain de l’annonce d’une nouvelle hausse du nombre du chômage.
« Si on veut faire des réformes, c’est maintenant, c’est tout de suite, c’est urgent et c’est ça qui permettra d’avoir enfin une baisse du chômage significative en 2016. (…) Il faut briser les tabous dans le domaine du marché du travail. » En s’exprimant mardi sur la nouvelle hausse du nombre des chômeurs, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a voulu donner un aiguillon sur la marche à suivre pour résorber le chômage.
Pour autant, on aurait tort de croire que ce haut fonctionnaire visait, en l’espèce, la démarche de François Hollande depuis son arrivée à l’Elysée. Il estime au contraire que, grâce aux réformes engagées par le gouvernement et à un environnement international porteur, la croissance économique de la France pourrait dépasser 1,5% l’an prochain.
La Banque de France face au chômage
Grâce à quoi ? Il n’y aura que les naïfs pour ne pas comprendre que cet ancien membre du cabinet des ministres des Finances Edouard Balladur et Jean Arthuis puisse se satisfaire de la politique économique actuelle. Etre haut fonctionnaire transcende toute idée d’étiquette politique, et peut-être bien, et plus simplement, toute étiquette politique.
Christian Noyer pose néanmoins une question intéressante : « Est-ce qu’on veut vraiment s’attaquer aux rigidités dont on sait qu’elles créent du chômage ? » Intéressante – mais mal formulée. Car la question des rigidités, c’est avant tout celle de l’idéologie qui, aujourd’hui, décide de notre politique, en matière économique comme en bien d’autres.
Or, quel que soit le domaine, les velléités de réforme – si tant est qu’elles existent chez un François Hollande et un Manuel Valls… – se heurtent à de fortes résistances dans la majorité, tant chez les élus que chez les syndicalistes.
Christian Noyer veut « Briser les tabous ». Changer de politiques alors…
Le résultat en est que, si le premier ministre et son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, ont évoqué à plusieurs reprises une réforme du contrat de travail, l’idée en est restée lettre morte.
Pendant ce temps-là, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A progresse encore de 0,4% en mars, avec 15.400 chômeurs supplémentaires, portant le total à 3.509.800 chômeurs. Si on considère en outre les personnes ayant exercé une activité réduite, il a progressé de 0,5%, pour atteindre 5.290.500 en métropole et 5.590.600 avec les départements d’outre-mer.
Ce qui n’empêche pas le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, de promettre que, demain, on rasera gratis : « Notre politique économique portera ses fruits, et François Hollande sera notre candidat » à l’élection présidentielle, affirme-t-il.
Il va falloir faire vite ! Sinon, le premier venu se présentant demain contre François Hollande a toutes les chances de récolter, demain, 5.590.600 voix sans rien faire d’autre que d’être là…