L’esprit « Charlie-Hebdo » commence à irriter sérieusement…

Esprit Charlie-Hebdo irriter serieusement
 
Six romanciers de langue anglaise, et non des moindres, ont décidé de boycotter le gala du PEN American Center, une société littéraire américaine, pour protester contre la décision d’icelle d’attribuer une récompense pour la liberté d’expression à Charlie-Hebdo.
Une décision qui les agace, comme agace et irrite sérieusement le pseudo-esprit « Charlie-Hebdo » dont François Hollande, en définitive, use comme d’un argument pour remonter dans les sondages, voire pour espérer remporter un second quinquennat.
 
L’auteur australien Peter Carey, le Canadien Michael Ondaatje, la Britannique Taiye Selasi, les Américains Francine Prose, Teju Cole et Rachel Kushner ne participeront donc pas au gala annuel du PEN American Center, qui doit se tenir le 5 mai.
 
Peter Carey, qui a remporté deux fois le prestigieux Booker Prize, a en effet dénoncé l’attribution de cette récompense à Charlie-Hebdo, estimant que le PEN allait, de ce fait, au-delà de son rôle traditionnel de défense de la liberté d’expression contre la censure gouvernementale. « Un crime horrible a été commis, déclare-t-il. Mais qu’est-ce que cela a à voir avec une question de liberté d’expression pour que PEN American s’immisce là-dedans ? », s’est-il interrogé.
 

La bien-pensance commence à irriter sérieusement

 
« Tout cela a été aggravé par l’apparent aveuglement du PEN vis-à-vis de l’arrogance culturelle de la France, qui ne respecte pas son devoir moral à l’égard d’une grande partie de sa population », a-t-il poursuivi, en faisant référence aux choix éditoriaux du magazine.
 
La romancière Rachel Kushner a dénoncé, de son côté, l’« intolérance culturelle » de Charlie-Hebdo et sa promotion d’une « sorte de vision laïque forcée ». « Ces dernières années, le magazine a multiplié les provocations racistes et islamophobes », renchérissait peu après les attentas Teju Cole. Il ajoute aujourd’hui : « Je ne pense pas que ce soit un bon usage de notre temps de cerveau ou de nos engagements moraux que d’idolâtrer Charlie Hebdo. »
 
C’est le moins que l’on puisse dire…
 

Quel esprit dans l’esprit « Charlie-Hebdo » ?

 
Ils ne sont pas seuls, heureusement, à réagir. La romancière Nancy Huston déclarait ainsi, au lendemain des attentats, à propos de Charlie-Hebdo : « C’est un humour qui trivialise, agresse, banalise et blesse, et je n’ai jamais vu l’utilité d’être bête et méchant. Je ne peux pas dire que ce sont mes valeurs, puisque mes valeurs sont exactement le contraire de ça. »
 
Le PEN American Center a réagi en disant s’être attendu à « un certain degré de controverse » lors de sa décision le mois dernier, mais pas à cette « intensité », déplore Suzanne Nossel, directrice générale de la société. Sur son blog, elle affirme ne pas penser que Charlie-Hebdo ait cherché à « insulter les musulmans, mais plutôt de rejeter avec force la tentative d’une petite minorité d’extrémistes de poser des limites à la liberté d’expression ».
 
Pauvre manière d’aboyer avec la meute, en prenant pour liberté d’expression l’abjection dont la société actuelle se repaît, à la suite de dirigeants qui se prennent pour des hommes politiques…
 
« Nous serons désolés de ne pas voir ceux qui ont choisi de ne pas assister au gala », conclut la responsable du PEN American Center.
 
Mais comme le souligne Francine Prose, ancien présidente de l’association, le prix est censé récompenser « l’admiration et le respect » pour le travail de la personne honorée. Avec Charlie-Hebdo, on en est effectivement très loin !
 

François le Luc