La nomination de Christian Gravel, un proche de Manuel Valls, au poste de préfet hors cadre suscite des critiques. Le premier ministre nomme des proches à des postes convoités. On comprend que cela irrite, même si le procédé – hélas ! – n’est pas neuf…
Christian Gravel, très proche de Manuel Valls
Actuellement directeur du Service d’information du gouvernement, le « SIG », Christian Gravel va devenir, sur proposition de Manuel Valls en Conseil des ministres mercredi, préfet hors cadre… tout en conservant ses fonctions au SIG.
Aussitôt connue, cette nomination a fait grincer les dents de nombres d’élus de droite qui y ont vu un privilège, et le résultat d’un copinage.
Il est vrai que Christian Gravel et Manuel Valls sont très proches. Ils se sont rencontrés lorsque l’actuel premier ministre travaillait pour son prédécesseur Lionel Jospin à Matignon. Christian Gravel est ensuite devenu le directeur de cabinet de Manuel Valls à la mairie d’Evry, avant de faire partie de l’équipe de communication de François Hollande pendant la campagne présidentielle.
Nomination de proches de Manuel Valls
« François Hollande recase méthodiquement les anciens collaborateurs de son premier ministre. Les amis de Manuel Valls anticipent-ils une fin de règne ? », s’interroge le porte-parole de l’UMP, Sébastien Huyghe. Secrétaire national de l’UMP en charge de la famille, Valérie Debord, dénonce également une affaire de « copinage ».
Un préfet hors cadre de 34 ans
Car Christian n’est pas une exception. En janvier 2013, Yves Colmou, conseiller de Manuel Valls au ministère de l’Intérieur, et auteur du redécoupage des cantons lors de la réforme départementale, en avait déjà profité, en devenant également préfet hors cadre. En février dernier, Sébastien Gros, son chef de cabinet accédait, lui aussi, à 34 ans, à la promotion préfectorale.
La pratique n’a certes rien d’illégal, un décret de 1996 l’avalisant. Et le traitement de préfet – dont la rémunération débute à 5.162 euros bruts – remplace celui du poste conservé. Il n’y a donc pas cumul de salaires.
Les privilèges exemplaires de la République socialiste
Mais l’avantage, énorme, est que l’heureux élu devient fonctionnaire… En une période où l’avenir politique de François Hollande et Manuel Valls n’est pas… rose, cela est loin d’être négligeable.
Pour n’être pas illégal, le procédé est néanmoins facile. Et constitue un privilège un peu trop courant. Récemment, la Cour des comptes s’en était émue, en relevant que, en 2013, seuls 127 des 250 préfets alors en exercice étaient effectivement affectés à un poste territorial. Elle avait alors suggéré de supprimer ce type de nomination.
Apparemment, la République exemplaire de François Hollande n’a pas compris le message…
Cela dit, la droite devrait sans doute se souvenir de quelques exemples passés, avant de pousser des cris d’orfraie. Il est vrai qu’elle ne prétendait, elle, ni à la normalité, ni à l’exemplarité.