Alors même que le budget d’aide internationale du Royaume-Uni grossit, le gouvernement britannique a demandé à son ministre de la Défense de trouver 1 milliard de livres d’économie avant le mois de mars prochain. La coupe budgétaire devra être faite avant que les stratégies de défense ne soient seulement étudiées par les responsables militaires et le parlement britannique. Cette éventualité inquiète les observateurs.
De leur côté, les militaires et analystes tentent de trouver comment économiser 1 milliard de livres : la seule option serait de reporter certains projets de la plus haute importance pour l’armée britannique, comme la livraison de navires de dernière génération par les Etats-Unis, à l’heure ou la construction des transporteurs est enfin achevée.
Les coupes prévues dans le budget de la défense représentent un tiers des économies du pays
Les économies prévues sur la défense représentent actuellement le tiers des coupes réclamées par le gouvernement du Royaume-Uni aux différents ministères, ce qui provoque une forte inquiétude quant à l’avenir de l’armée britannique et son maintien au sein de l’OTAN.
Dans son manifeste pour les élections générales, le parti conservateur de David Cameron avait pourtant promis : « Nous continuerons à nous assurer que la politique de défense reste sous le contrôle national britannique, et qu’elle maintienne les liens avec l’OTAN et la relation transatlantique comme les pierres angulaires de notre défense et de notre politique de sécurité. »
Mais rien n’est moins certain puisque l’OTAN réclame que ses membres consacrent au minimum 2 % de leur PIB au budget de la défense, ce que la Grande-Bretagne ne respecterait plus avec pareille coupe.
Pour rester dans l’OTAN, le Royaume-Uni doit continuer à consacrer 2% de son PIB à la défense
L’un des porte-paroles du ministère de la Défense a affirmé que ces 2 % seraient respectés l’année prochaine, tandis qu’un homologue du ministère des Finances a déclaré que le gouvernement demandait à l’armée d’identifier de possibles économies sans avoir la volonté de réaliser des coupes budgétaires cette année. Des paroles qui n’ont rassuré personne.
L’ancien responsable du personnel naval, l’amiral West, a affirmé que cette nouvelle coupe dans les budgets de la défense placerait la Grande-Bretagne sur « la route du désastre » : « La Navy et les autres forces armées ne seront pas capables de faire ce que la nation attend d’elles », a-t-il déclaré.
En mars dernier, des experts avaient mis en garde contre une nouvelle réduction des budgets qui remettrait en cause la relation particulière que la Grande-Bretagne entretient avec les Etats-Unis.
L’ancien chef des forces aériennes a quant à lui prévenu : si de nouvelles coupes étaient mises en place, les autorités militaires démissionneraient en masse. « Vous ne pouvez pas continuer ainsi et prétendre que vous êtes encore capable de faire tout ce que le gouvernement vous demande de faire », a-t-il affirmé.
Pour l’ancien ambassadeur des Etats-Unis, l’Occident doit s’inquiéter
L’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Grande-Bretagne s’est également inquiété de ces coupes qui rendraient la Grande-Bretagne « bien plus vulnérable » et qui enverraient un signe à l’ennemi qui serait perçu comme « une baisse de la volonté de l’Occident de se défendre ».
Et c’est plus récemment encore le secrétaire américain à la Défense lui-même, Ashton Carter, qui s’est inquiété publiquement de ces possibles réductions budgétaires, et a précisé qu’il était « très préoccupé par l’avenir des “relations particulières” » entre les deux pays « à cause de l’état de l’armée britannique ».
Le parti indépendantiste et eurosceptique UKIP a également critiqué les baisses régulières de budget, accusant David Cameron de vouloir précipiter l’avènement d’une armée européenne. C’est ce qu’a déclaré le député UKIP Mike Hookem : « Si cela continue ainsi, le Royaume-Uni n’aura d’armée que le nom, et nous serons obligés d’aller pleurer auprès de l’Union européenne pour satisfaire nos exigences de défense élémentaires. D’ailleurs, je soupçonne que cela a toujours été l’intention des conservateurs d’exécuter nos forces armées pour nous préparer à entrer dans l’Armée de l’Union européenne que réclament l’Allemagne et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ».
Quoi qu’il en soit, de telles décisions soulignent avec force la démission de l’Occident face aux nouvelles puissances communistes ou post-communistes.