Pour faire face aux difficultés économiques d’Areva, l’Etat français, qui en est le principal actionnaire, a décidé mercredi de valider le projet de restructuration de la filière nucléaire française en donnant son accord, au cours d’une réunion qui s’est tenue à l’Elysée, à la reprise par EDF (dont l’Etat est également l’actionnaire principal) de l’activité réacteurs nucléaires de la multinationale française. Cette refonte verra également une recapitalisation d’Areva, « en investisseur avisé, à la hauteur nécessaire », précise-t-on à l’Elysée.
Ce programme de restructuration du groupe nucléaire fait suite à la perte de 4,8 milliards d’euros annoncée l’année dernière, qui a contraint Areva à lancer un plan de sauvetage d’un milliard d’euros d’économies sur trois ans passant notamment par 6.000 suppressions de postes, sur les quelque 45.000 personnes que le groupe, et ses centaines de filiales, emploient dans 43 pays.
La faillite d’Areva, modèle du nucléaire français
Au terme de la réunion interministérielle qui s’est tenue à l’Elysée autour de François Hollande, le palais a fait, dans un communiqué, l’annonce suivante : « Sous réserve de la conclusion d’un accord de partenariat stratégique global avec Areva, EDF a vocation à devenir actionnaire majoritaire de la filiale commune Areva NP, qui rassemble les activités industrielles de construction de réacteurs, d’assemblage de combustible et de services à la base installée. »
La présidence de la République a précisé qu’Areva conserverait dans sa filiale NP « une participation stratégique avec un pacte d’actionnaires ».
Ce projet, qui doit permettre « une politique d’exportation ambitieuse et le renouvellement futur du parc nucléaire français », devrait être mis au point dans un délai d’un mois.
Une restructuration délicate
Cette décision de l’Etat intervient au lendemain d’une journée de grève et d’actions qui a mobilisé une grande partie des salariés d’Areva. Les syndicats du groupe s’opposaient, avant même son officialisation, à tout projet de cession de l’activité réacteurs à EDF, et refusaient d’entendre parler d’une suppression de 3.000 à 4.000 postes en France, annoncée début mai, et qui, outre sa présentation conne une nécessité économique, en serait la conséquence logique.
Et, de fait, la décision d’une cession de l’ensemble de l’activité réacteurs suscite des craintes chez Areva, car il ne laisserait au groupe que le seul contrôle des mines d’uranium et du combustible, et marquerait ainsi la fin de sa présence sur l’intégralité des activités nucléaires.
La restructuration en cours semble faire l’économie d’une réflexion de fond sur les conséquences de la transition énergétique sur le nucléaire français. A l’heure où Areva envisage d’ouvrir son capital aux Chinois pour se développer en Asie, la politique écologique gouvernementale transfère le nucléaire de France vers la Chine et les autres pays émergents – ainsi que l’énergie, l’emploi et la croissance économique.